La durée exceptionnellement courte de la campagne qui s’ouvre pour les élections législatives du 23 février 2025 en Allemagne imposait une clarification rapide. C’est donc le ministre de la défense lui-même, Boris Pistorius, qui a pris les devants et annoncé jeudi 21 novembre qu’il ne se lancerait pas dans la course à la chancellerie pour le parti social-démocrate (SPD). Son initiative laisse le champ libre au chancelier sortant Olaf Scholz, déjà candidat à sa propre succession, mais très impopulaire.
« Je ne suis pas disponible pour me présenter au poste de chancelier fédéral, a affirmé Boris Pistorius, 64 ans, dans une courte vidéo diffusée jeudi soir. C’est ma décision souveraine et personnelle. » A ses yeux, Olaf Scholz, qui « incarne la raison et la pondération », est « un chancelier fort et il est le bon candidat à la chancellerie ». Il a ensuite précisé dans un entretien à la chaîne ZDF ne pas avoir subi de pression pour se retirer.
Ces derniers jours, des voix de plus en plus pressantes au sein du SPD s’étaient fait entendre en faveur d’une candidature de Boris Pistorius, plus apprécié dans l’opinion que le chancelier sortant, qui pâtit des dysfonctionnements répétés de sa coalition, au pouvoir depuis 2021. Des figures du Parti social-démocrate, comme les anciens vice-chanceliers et présidents du SPD Sigmar Gabriel ou Franz Müntefering, avaient plaidé pour une course plus ouverte d’ici au congrès du 11 janvier, qui doit formellement désigner le candidat du parti, afin de tenter d’endiguer son effondrement dans les sondages. Ceux-ci font en effet actuellement état d’une avance marquée pour les conservateurs de la CDU et leur candidat Friedrich Merz, qui rassemblent plus de 30 % des intentions de vote, soit deux fois plus que le SPD, tandis que le parti d’extrême droite AFD approche des 20 %.
« Les sondages n’ont pas toujours raison »
Mais alors que Boris Pistorius contestait mollement avoir l’ambition de briguer l’investiture, Olaf Scholz semblait de son côté écarter tout scénario de retrait, convaincu de pouvoir encore déjouer les pronostics. « Les élections américaines viennent de montrer que les sondages n’ont pas non plus toujours raison, tout comme les dernières élections fédérales d’ailleurs », affirmait-il lors d’une interview télévisée sur la chaîne ARD le 10 novembre.
Les deux hommes portent notamment des lignes différentes sur la question de l’Ukraine. Boris Pistorius, favorable aux livraisons d’armes, a affirmé vouloir rendre l’Allemagne de nouveau « apte à la guerre », tandis qu’Olaf Scholz assume de plus en plus explicitement sa préférence pour une solution diplomatique. Son appel controversé à Vladimir Poutine le 15 novembre, a d’ailleurs été jugé décevant par le ministre de la défense. « Je pense que cela n’a pas été aussi efficace que nous l’espérions tous », a commenté celui-ci a posteriori.
Il vous reste 37.54% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.