Un total de 36 corps de mineurs clandestins ont été extraits d’un puits abandonné en Afrique du Sud après deux jours d’opérations de secours, a annoncé, mardi 14 janvier, la police qui cerne le site depuis des mois pour les déloger. Après que neuf dépouilles ont été remontées à la surface la veille à l’aide d’une nacelle et d’un treuil, 27 mineurs sortis mardi « ont été déclarés morts », précise un communiqué de la police, alors que plusieurs dizaines d’autres ont pu remonter affaiblis mais vivants.
Ce bilan provisoire, puisque les opérations doivent durer dix jours, accrédite les estimations locales faisant état de la présence de plus d’une centaine de corps dans les galeries du veld de Stilfontein, à environ 150 kilomètres au sud-ouest de Johannesburg. « La semaine dernière, on a reçu une lettre remontée de sous-terre annonçant qu’il y avait plus de 109 dépouilles », a assuré mardi à l’Agence France-Presse (AFP) un porte-parole des habitants du township de Khuma, Levies Pilusa, âgé de 41 ans.
Une vidéo transmise à l’AFP lundi par l’ONG Macua, défendant les communautés affectées par les activités minières, montrait ce qui s’apparentait à des dizaines de dépouilles emballées dans l’obscurité des galeries. Les opérations de secours doivent se poursuivre jusqu’à 22 heures, heure locale, mardi avant de reprendre à 6 heures mercredi.
« Ils sont presque mourants »
Johannes Qankase, un chef de communauté, a déclaré mardi à l’AFP que 26 mineurs avaient été secourus. « Ils sont très malades et très déshydratés. On peut le voir, ils sont presque mourants », a-t-il déclaré à propos des rescapés. Soutenus par des policiers, ces hommes au visage hâve, titubant dans des bottes de caoutchouc trop grandes pour leurs mollets amaigris, sont passés au détecteur de métal à la sortie du puits pour s’assurer qu’ils ne remontaient pas de pépite d’or, a constaté une équipe de l’AFP. La plupart d’entre eux ont été emmenés à l’hôpital et deux auraient été placés en garde à vue, a précisé M. Qankase, alors que les opérations de sauvetage se poursuivent.
Le nombre de personnes se trouvant encore dans ce puits aurifère de près de 2 kilomètres de profondeur est inconnu, mais, selon la police, elles pourraient être plusieurs centaines. A la mi-novembre, certaines sources locales avaient évoqué jusqu’à 4 000 personnes. Des milliers de mineurs illégaux, souvent originaires d’autres pays et appelés « zama zamas » (« ceux qui essaient », en zoulou), travailleraient ainsi dans des puits de mine abandonnés à travers l’Afrique du Sud, riche en minerais.
Depuis des mois, l’accès à cette mine a été bouclé dans le cadre de l’opération de police. Les autorités ont été accusées d’essayer de forcer les mineurs à remonter à la surface de ce qui ressemblait à une petite ville souterraine en réduisant les réserves de nourriture et d’eau qui leur avaient été apportées par la communauté locale, laquelle vivait de l’économie informelle autour de la mine. « Nous allons les enfumer et ils sortiront », avait lancé en novembre Khumbudzo Ntshavheni, ministre auprès de la présidence.