- Depuis plusieurs semaines, à Rennes, Lille, Marseille ou Lyon, des librairies font l’objet de menaces, d’insultes et de dégradations.
- Ces commerces sont ciblés pour des auteurs qu’ils invitent en séance de dédicaces ou simplement parce qu’ils vendent leurs livres.
- Regardez ce reportage du JT de TF1.
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Le 20H
« Toute personne continuant de travailler dans cette librairie est un parasite du monde de la littérature. »
Une missive, parmi tant d’autres, reçue par Christophe Escoffier après avoir récemment accueilli, dans sa librairie marseillaise, l’ancien Président Nicolas Sarkozy pour une séance de dédicaces. Ce n’est pas tout. « Deux personnes sont venues la veille pour taguer des messages anarchistes sur la vitrine. En trente ans, je n’ai jamais vu ce genre de phénomène »
, affirme-t-il dans le reportage du JT de 20H de TF1 en tête de cet article, évoquant aussi des appels téléphoniques insultants. Ces derniers mois, de nombreuses librairies ont vécu pareilles mésaventures, de Marseille à Lille, en passant par Lyon, Rennes ou encore l’Île-de-France.
Un coup d’œil dans les rayons de l’établissement dirigé par Christophe Escoffier permet pourtant de constater que tous les bords politiques sont représentés. « J’ai François Mitterrand ou le dernier ouvrage de Marine Tondelier. Je n’ai absolument pas de filtre pour juger de ce qu’il y a de bon ou pas bon dans le domaine de la publication »
, prend soin de préciser le libraire.
À Périgueux, ce sont des vitrines brisées. Ailleurs à Marseille, des croix celtiques, symbole chrétien détourné par l’extrême droite, peintes sur le rideau de fer, en raison de débats organisés sur la politique du gouvernement israélien… Idem à Paris, où s’est tenue, il y a un mois, une rencontre avec Francesca Albanese, rapporteuse de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur les territoires palestiniens et autrice d’un ouvrage consacré au sujet. « J’arrive à la librairie pour l’ouverture et il y avait un grand tag sur toute la vitrine, diffamatoire et sexiste à l’endroit de cette personne. Il y avait écrit
‘Albanese, la p***** du Hamas’«
, détaille face à notre caméra Alexis Argyroglo, dirigeant de cet établissement lui aussi pris pour cible.
Selon nos informations, rien qu’à Paris, plusieurs plaintes ont été déposées ces derniers jours, alors que l’on compte une dizaine d’attaques de ce type au total un peu partout sur le territoire français ces dernières semaines. Ce qui alimente forcément l’inquiétude de la profession. Alors, Alexandra Charroin Spangenberg, présidente du Syndicat de la librairie française et co-gérante de la « Librairie de Paris » à Saint-Étienne, tient à faire à tout un chacun ce simple rappel à la loi : « À partir du moment où un livre n’a pas été interdit ou censuré par la justice, nous pouvons le présenter en magasin. C’est ce qui s’appelle la liberté d’expression. Nous sommes dans un état de droit. En France, on a encore cette chance-là. »












