La rivalité entre les principaux syndicats s’est installée depuis plusieurs mois lors des différentes mobilisations des agriculteurs. La campagne pour les élections des chambres d’agriculture commencera officiellement le 7 janvier et s’achèvera le 30 janvier à minuit partout en France, à l’exception de Mayotte, où le scrutin sera reporté, a annoncé vendredi 27 décembre le ministère de l’agriculture.
Durant les quinze jours du vote maintenu partout ailleurs, les agriculteurs seront appelés à élire leurs représentants professionnels, soit par correspondance, soit par voie électronique. « Des dispositions sont en cours d’élaboration pour reporter la tenue du scrutin à Mayotte », a ajouté le ministère. Sur l’archipel dévasté par le cyclone Chido, « le préfet a annoncé aux responsables de la chambre d’agriculture le report des élections d’un ou deux ans », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, le troisième syndicat.
La chambre d’agriculture de Mayotte est la seule présidée par la Confédération paysanne (gauche), dans un paysage syndical largement dominé par l’alliance FNSEA-Jeunes Agriculteurs (JA), qui détient 97 chambres. Le deuxième syndicat agricole, la Coordination rurale (plus marquée à droite), dirige trois chambres.
Concurrence féroce
L’un des enjeux de ce scrutin sera de voir si l’hégémonie de l’alliance FNSEA-JA, accusée par les autres organisations de « cogestion » avec l’Etat, sera bousculée et à quel point. Syndicat majoritaire dans le monde agricole depuis sa création, après-guerre, la FNSEA, alliée aux JA, avait récolté 55 % des voix en 2019.
Renouvelées tous les six ans, les chambres d’agriculture sont composées de 33 membres, dont 18 chefs d’exploitations agricoles. Le mode de scrutin actuel y favorise en l’état le syndicat majoritaire : la liste arrivée en tête obtient la moitié des sièges à pourvoir (soit 9 sur 18), l’autre moitié étant répartie à la proportionnelle entre toutes les listes.
Dans la rue ou auprès des exploitants, les syndicats se livrent depuis des mois déjà une concurrence féroce en vue de ces élections, qui revêtent, outre un enjeu politique, un enjeu financier : 75 % des 14 millions d’euros du fonds alloué au financement des syndicats sont actuellement répartis en fonction du nombre de voix, et 25 % selon le nombre de sièges.
Les chambres d’agriculture, établissements publics, ont pour rôle l’« amélioration de la performance économique, sociale et environnementale » des exploitations, selon le code rural. Elles conseillent et offrent des prestations aux exploitants. Depuis leur création en 1924, elles ont participé à la transformation de l’agriculture, en œuvrant à l’application des réformes, du remembrement des terres acté dès 1919 à la révolution mécanique et chimique en passant par les aides de la PAC (politique agricole commune européenne).