L’ultraconservateur José Antonio Kast a été élu dimanche 14 décembre avec 58 % des voix, sur la promesse d’en finir avec l’insécurité et d’expulser 336 000 migrants sans papiers. Claudia Heiss, politiste à l’université du Chili, rappelle le rôle qu’a joué l’estallido social (l’« explosion sociale ») – vaste mouvement de contestation du système néolibéral qui a eu lieu entre octobre 2019 et mars 2020 – dans la montée de l’extrême droite au Chili.
Quelle première lecture peut-on faire de la victoire sans appel de José Antonio Kast ?
Un facteur très important est que la première exigence de la population, c’est la sécurité, un sujet sur lequel l’ultradroite a mieux capitalisé que la gauche et la droite traditionnelle. Elle a fait des propositions plus tapageuses prônant une politique de la main de fer. [Les résultats ] montrent donc un électorat plus enclin au populisme, qui ne veut plus des élites ni des politiques publiques traditionnelles.
Quel rôle a joué le fait que le vote soit obligatoire, pour la première fois depuis 2012 ?
C’est l’autre facteur qu’il faut souligner pour cette élection. Depuis le retour de la démocratie et jusqu’en 2012, le vote était obligatoire, mais l’inscription sur les listes électorales volontaires. Or de moins en moins de gens s’inscrivaient. Après 2012, l’inscription a été rendue obligatoire, mais le vote est devenu volontaire. Or la participation a continué à s’effondrer. En 2022, finalement, le vote obligatoire a été rétabli. Mais cela a eu comme effet d’amplifier la déconnexion entre les acteurs politiques et la population, les responsables politiques ne s’étant pas adressés à cette partie importante de l’électorat qui ne vote que s’il y est obligé.
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