- Une juridiction espagnole a augmenté l’indemnisation d’une femme qui fut échangée à la naissance par erreur avec un autre bébé.
- Le dommage moral a été pris en considération : elle devrait toucher près d’un million d’euros.
- Les faits s’étaient déroulés en 2002, dans une ville du nord du pays.
Le Tribunal supérieur de justice de La Rioja (TSJR), dans le nord de l’Espagne, a revu à la hausse l’indemnisation due à une femme échangée avec une autre à la naissance en 2002, à l’hôpital San Millán de Logroño. Cette décision, rendue publique le 22 décembre 2025 et partagée (nouvelle fenêtre) par les médias espagnols, se traduit par le versement de 975.000 euros et marque une avancée dans la reconnaissance des souffrances endurées par les victimes, tout en restant en deçà de leurs demandes initiales.
Une erreur humaine lourde de conséquences
En 2022, la région de La Rioja avait proposé une compensation de 850.000 euros, jugée insuffisante par la plaignante. Celle-ci réclamait plus de 3 millions d’euros, invoquant des « dommages irréparables »
. Le tribunal a finalement retenu une majoration de 125.000 euros, en raison de « circonstances supplémentaires »
. Il a en effet pris en compte le fait que la victime n’a jamais pu connaître sa mère biologique, décédée en 2018, ou bien encore qu’elle a grandi dans un environnement familial marqué par la précarité et la tutelle de sa grand-mère, sa famille d’accueil étant dans l’incapacité de s’occuper d’elle.
« Le dommage moral est majoré en raison de l’impossibilité de rétablir le lien avec la mère biologique et de la situation d’abandon vécue pendant son enfance »
, souligne la décision de justice, qui reste toutefois provisoire puisqu’un recours devant le Tribunal suprême demeure possible.
L’affaire avait éclaté en 2021, lorsque des tests ADN avaient confirmé l’échange des deux nouveau-nées, survenu en raison d’une « erreur humaine »
dans la gestion des incubateurs. Depuis, les deux femmes, aujourd’hui adultes, tentent de reconstruire leur identité et demandent réparation. La deuxième victime a également saisi la justice, exigeant une indemnisation de 3 millions d’euros, auxquels s’ajoute 1,3 million pour ses parents non biologiques. Leur avocat, José Sáez Morga, note que « ces femmes ont été privées de leur histoire, de leur famille »
. Il estime « qu’aucune somme ne pourra effacer cela ».
L’assurance du Servicio Riojano de Salud (SERIS), qui couvre la responsabilité de l’ancien hôpital, devra assumer le coût de ces réparations. Mais au-delà de l’aspect financier, c’est la question de la responsabilité institutionnelle et de la transparence qui reste posée.









