Le terme « dysthymie » a été utilisé pour la première fois en 1921 par le psychiatre allemand Emil Kraepelin.
En France, la prévalence de la dysthymie est estimée entre 2% et 6% de la population générale.
Difficile à diagnostiquer, ce trouble de l’humeur concerne tant les adultes que les enfants.
Contrairement à la dépression, la dysthymie ne provoque pas de ralentissement moteur ni d’envies suicidaires. « Les psychologues français la nomment aussi la dépression à bas bruit, car elle n’est pas suffisamment intense pour vous empêcher de vivre au quotidien », explique Fanélie Raban, psychologue clinicienne et psychothérapeute, au Journal des Femmes.
Pourtant, ce trouble de l’humeur est à prendre au sérieux parce qu’il affecte la vie des personnes qui en souffrent : « […] elles n’arrivent pas à prendre du plaisir dans les activités quotidiennes. […] les émotions positives qui pourraient accompagner le quotidien ont quasiment disparu ». Mais au-delà de ce manque de plaisir, la dysthymie se manifeste par d’autres symptômes.
Qu’est-ce que la dysthymie ?
Le DSM-5, le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, désigne la dysthymie comme une dépression d’intensité légère à modérée, chronique et durable dans le temps. La docteure Anne Sauvaget, psychiatre et professeur de psychiatrie à Nantes Université, indique dans Marie Claire qu’il s’agit d’un terme un peu fourre-tout « pour désigner un trouble de l’humeur qui ne remplit pas tous les critères d’un état dépressif caractérisé. Sont concernées toutes les personnes qui ne seraient pas identifiées comme dépressives, mais qui souffrent quand même de baisses de moral importantes, régulières et sur des périodes assez longues ».
Pour Fanélie Raban, plusieurs facteurs peuvent représenter l’élément déclencheur, comme des troubles psychiques préexistants, une prédisposition génétique ou un burn-out. Sur son site, Elsan mentionne d’autres facteurs comme des déséquilibres hormonaux, la survenue d’un traumatisme ou un état de stress chronique. Des facteurs aggravants peuvent également intervenir (manque de soutien social, difficultés financières, deuil…).
Les signes qui doivent vous alerter
Il existe différents symptômes que liste le Manuel MSD. Une perte d’appétit ou une suralimentation n’est pas anodine. La personne qui souffre d’une dysthymie peut également ressentir de la fatigue, une perte d’énergie et être sujette à des troubles du sommeil (insomnies ou hypersomnies).
D’autres signes doivent vous alerter comme une faible estime de soi, une difficulté à se concentrer ou à prendre des décisions, ainsi que du pessimisme. « Les personnes (…) à l’intérieur se sentent épuisées, frustrées et emplies de lassitude », résume Fanélie Raban.
Comment se sortir d’une dépression chronique ?
Diagnostiquer une personne dysthymique nécessite du temps. Le diagnostic doit être posé par un médecin ou un psychiatre au bout de deux ans sans que les symptômes ne se soient interrompus plus de deux mois sur cette période.
Une fois le diagnostic établi, Fanélie Raban conseille de suivre une psychothérapie, la première phase essentielle. Elle indique : « Pour certaines personnes (…) retrouver un équilibre de vie va permettre de sortir de cette ‘phase’. Pour d’autres (…) il va falloir soutenir l’humeur avec un traitement médicamenteux ».
Elsan corrobore son propos en recommandant la thérapie comportementale et cognitive. Elle permet de traiter l’origine de la dépression, tandis que les antidépresseurs et anxiolytiques agissent sur ces effets. Elsan conseille également d’autres méthodes qui ont obtenu de bons résultats, comme le yoga, la relaxation ou l’hypnose médicale.