La plateforme Max rembobine 10.000 ans avant l’avènement de Paul Atréides pour s’intéresser à la naissance de personnages clés dans l’univers imaginé par Frank Herbert.
La puissante organisation religieuse du Bene Gesserit est au coeur d’une passionnante série qui donne pleinement le pouvoir aux femmes.
Mis en ligne ce lundi 18 novembre, le premier des six épisodes pose les bases d’un récit qui a tout pour séduire, même les novices.
Inadaptable. Le mot revient à chaque évocation de cette œuvre majeure de la littérature. David Lynch s’y est essayé en 1984 avant que Denis Villeneuve ne livre son interprétation de Dune, saga fleuve de science-fiction imaginée par Frank Herbert soixante ans plus tôt . Une fresque futuriste où les dynamiques de pouvoir se mêlent à des réflexions sur l’écologie et la technologie. L’histoire s’est poursuivie après la mort de son auteur, son fils Brian Herbert prenant le relais aux côtés de Kevin J. Anderson avec une nouvelle série de romans inédits dont La Communauté des sœurs. C’est là que la plateforme américaine Max est allée chercher les racines d’une série que certains qualifient déjà de « Game of Thrones dans l’espace ».
Chaque Maison a sa Diseuse de vérité et pense que cette dernière travaille pour eux. Mais en réalité, c’est un réseau d’espionnes qui contrôlent tout en coulisses
Chaque Maison a sa Diseuse de vérité et pense que cette dernière travaille pour eux. Mais en réalité, c’est un réseau d’espionnes qui contrôlent tout en coulisses
Mark Strong
Dune : Prophecy fait un bond 10.000 ans avant la naissance de Paul Atréides, incarné par Timothée Chalamet au cinéma , pour raconter la fondation du Bene Gesserit, insaisissable ordre religieux entièrement féminin qui suscite autant la convoitise que les craintes. Mais « vous n’avez pas besoin de connaître le matériel d’origine. Vous n’avez même pas besoin d’avoir vu les films. Vous pouvez venir sans rien savoir », nous assure Mark Strong. Son personnage, l’empereur Javicco Corrino, est à la tête d’un Imperium fragilisé par les querelles entre les Grandes Maisons qui le composent. « Personne ne se fait confiance. Ils sont tous en compétition pour le pouvoir et lui doit garder le contrôle », détaille l’acteur britannique.
Ce que ces hommes ne savent pas, c’est que celles se faisant appeler la Communauté « tirent les ficelles dans le dos de tout le monde ». « Chaque Maison a sa Diseuse de vérité et pense que cette dernière travaille pour eux. Mais en réalité, c’est un réseau d’espionnes qui contrôlent tout en coulisses », note Mark Strong. Alors quand un mystérieux soldat (Travis Fimmel) apparaît en même temps que semble se mettre en marche une ancienne prophétie les menaçant, les sœurs emmenées par la Révérende mère Valya Harkonnen (glaçante Emily Watson) et sa sœur Tula (Olivia Williams) ne reculeront devant rien pour se protéger.
« Dans le même univers » que les films de Denis Villeneuve
« Je crois que c’est sain de se montrer un minimum méfiant face à elles », nous lance dans un éclat de rire Alison Schapker, co-créatrice et showrunneuse de Dune : Prophecy après avoir travaillé sur les séries cultes Lost, Alias et Fringe. « Il y a des moments où l’on peut avoir vraiment peur d’elles et d’autres où l’on peut se retrouver à les encourager. On aime penser qu’elles sont dans une zone grise », ajoute-t-elle, rappelant que « la notion de prophétie est vraiment au cœur du Bene Gesserit ». « Laquelle est vraie et annonce sincèrement le futur ? Comment l’interpréter ? Mais aussi quelles sont les histoires qui sont racontées autour de ces prophéties ou sont utilisées comme des armes ? », sont autant de questions auxquels tenteront de répondre les six épisodes d’une série foisonnante qui revendique son lien avec les films de Denis Villeneuve.
Dune : Prophecy se déroule « dans le même univers », déclare à Empire Magazine (nouvelle fenêtre) le producteur Jordan Goldberg. « Nous avons le sentiment que nous devons suivre l’essence de ce que Denis a fait. Il a donné le ton », insiste-t-il. Un temps annoncé à la réalisation du pilote, le cinéaste québécois (nouvelle fenêtre) s’est effacé du projet qui s’est inspiré de sa création pour mieux faire naître la sienne. « C’était une vraie opportunité de construire notre propre monde en dehors des films et d’essayer de simplement gagner notre place dans le paysage plus vaste de Dune« , souligne Alison Schapker. Si la désertique Arrakis « exerce certainement une force significative » sur cette première saison, elle n’est plus qu’une planète parmi d’autres.
Je me souviens être entré sur le plateau et avoir dit que c’était aussi grand, si ce n’est plus, que n’importe quel autre plateau de cinéma sur lequel j’ai travaillé
Je me souviens être entré sur le plateau et avoir dit que c’était aussi grand, si ce n’est plus, que n’importe quel autre plateau de cinéma sur lequel j’ai travaillé
Mark Strong
L’essentiel de l’action se déroule ailleurs, entre Salusa Secundus où réside l’empereur, la glacée Lankiveil ou encore Wallach IX où sont installées les sœurs. « À quoi ça ressemble chez elles ? D’où viennent les Harkonnen ? Ce n’est pas un hasard si la Communauté vit sur une planète très pluvieuse et froide, morne d’une certaine manière », admet Alison Schapker. À l’écran, le voyage est total grâce à des paysages de toute beauté.
« C’est un festin visuel », acquiesce Mark Strong, impressionné par la taille des lieux de tournage en Hongrie. « Je me souviens être entré sur le plateau et avoir dit que c’était aussi grand, si ce n’est plus, que n’importe quel autre plateau de cinéma sur lequel j’ai travaillé », glisse-t-il. Ce n’est rien quand on sait que le comédien britannique de 61 ans a participé à certains des films hollywoodiens aux plus gros budgets ces dernières années, de Kick-Ass à Kingsman en passant par Sherlock Holmes.
« Il y avait trois studios différents, chacun contenait d’imposants décors », dont certains ont été fabriqués par des imprimantes 3D. « Je pensais que c’était réservé à de toutes petites choses, mais dans ce cas, c’étaient des éléments énormes », s’étonne-t-il. Quand on lui demande s’ils ont beaucoup travaillé avec les effets spéciaux, il nous répond : « Pas tant que ça ». « Pour certains plans en extérieur, il y avait un grand fond vert, mais pour l’essentiel, je me souviens de décors qu’on pouvait littéralement voir et toucher, dans lesquels on pouvait agir. Ça donnait vraiment l’impression d’être dans ce monde », nous dit-il. Un monde immersif pour le spectateur également, écrin d’une série prometteuse se méfiant de chaque grain de sable pouvant enrayer sa mécanique.
>> Dune : Prophecy – 6 x 60 minutes – un épisode tous les lundis sur Max à partir du 18 novembre