Le ministre de l’économie français, Eric Lombard, a estimé jeudi 27 mars que les droits de douane de 25 % décidés par Donald Trump contre les voitures fabriquées hors des Etats-Unis étaient le signe que « l’agressivité augmente », au micro de France Inter.
« C’est une très mauvaise nouvelle et c’est un acte qui est évidemment non coopératif, dans une situation où c’est la coopération qui va nous permettre de régler le problème », a commenté M. Lombard.
Après l’acier et l’aluminium, le président américain a annoncé mercredi 25 % de droits de douane supplémentaires sur « toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux Etats-Unis » et qui entreront en vigueur « le 2 avril et nous commencerons à les collecter le 3 ». Le taux total de taxation sera de 27,5 % de la valeur. « Nous allons faire payer les pays qui font des affaires dans notre pays et prennent notre richesse », a justifié Donald Trump.
Une mesure de rétorsion envisagée
« On est dans une situation où étant dans une position où des mesures agressives sont prises, c’est l’Union européenne qui négocie. Et la seule solution pour l’Union européenne va être à son tour d’augmenter les tarifs douaniers envers les produits américains, et la liste est en train d’être établie par la Commission », a déclaré le ministre de l’économie.
« Nous sommes dans une situation où nous sommes agressés : soit on se laisse faire, dans ce cas-là cette situation ne s’arrêtera jamais ; soit on riposte, malheureusement, c’est ça la règle du jeu qui a été imposée par les Américains », a résumé M. Lombard.
Il a dit « espérer le plus rapidement possible que nous pourrons dialoguer » avec « nos homologues américains » afin « de baisser les tarifs ». « Nous voulons rééquilibrer le jeu, de sorte que les Américains eux aussi soient contraints de négocier avec nous de façon à ce qu’on baisse les tarifs. » Eric Lombard a également tenu à « rappeler la gravité du moment. Nous avons notre grand allié américain qui change complètement de politique économique, de façon très agressive, et d’une façon qui nuit à l’économie américaine et à l’économie européenne ».
Berlin appelle à une « réponse ferme »
Le gouvernement allemand a appelé jeudi l’Union européenne à apporter une « réponse ferme » à l’augmentation des droits de douane américains sur les automobiles annoncée la veille par le président Donald Trump. « Il doit être clair que nous ne nous inclinerons pas devant les Etats-Unis », a déclaré dans un communiqué le ministre de l’économie et vice-chancelier Robert Habeck, alors que l’important secteur automobile allemand va être touché de plein fouet par ces mesures.
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De son côté, le gouvernement britannique s’est montré plus mesuré. La ministre des finances britannique, Rachel Reeves, a assuré sur la chaîne de télévision Sky News que Londres n’avait pas l’intention de « faire quoi que ce soit qui puisse intensifier ces guerres commerciales ».
Sur les Bourses européennes, constructeurs et équipementiers étaient orientés à la baisse. En début de matinée, à la Bourse de Francfort, qui compte de nombreuses entreprises du secteur automobile, BMW reculait de 4,41 %, Mercedes de 5,38 %, Porsche de 4,76 %, Volkswagen cédait 3,65 %, et Continental 2,76 %. A Paris, Stellantis reculait de 5,16 %, Valeo de 6,41 % et Forvia de 5,96 %.
Les constructeurs sous pression
Ces droits de douane vont avoir un « impact négatif » sur le secteur automobile dans le monde, y compris pour les constructeurs américains, a regretté jeudi l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). Les constructeurs automobiles allemands ont, de leur côté, dénoncé cette décision, qu’il est, selon eux, « un signal fatal pour le libre échange » et « représentent une charge considérable pour les entreprises et les chaînes d’approvisionnement mondiales » de l’industrie automobile. L’industrie automobile britannique a, elle, appelé Londres et Washington à trouver « un accord » qui « profite à tous » pour éviter des droits de douane élevés.
Il est « crucial » pour les trois grands constructeurs automobiles américains que les droits de douane imposés par Donald Trump ne fassent pas « monter les prix pour les consommateurs », ont prévenu jeudi Ford, GM et Stellantis par un communiqué de l’Association professionnelle des constructeurs américains (AAPC).
Les grands groupes automobiles japonais, Toyota en tête, ont dégringolé jeudi en Bourse après la nouvelle offensive douanière américaine, le Japon représentant respectivement 16 % du total de importations automobiles des Etats-Unis. Les titres des constructeurs nippons et sud-coréens ont dévissé de quelque 3 % dès l’ouverture des places boursières. Le gouvernement japonais a prédit « un impact considérable » sur les liens économiques nippo-américains, le premier ministre, Shigeru Ishiba, promettant de prendre les mesures de rétorsion « appropriées ».
Par ailleurs, la Chine a estimé qu’une guerre commerciale ne fait « aucun gagnant », tandis que le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a averti que son pays « ne pouvait pas rester sans rien faire ».