Les États-Unis vont « très bientôt » commencer à cibler des « trafiquants de drogue vénézuéliens » lors d’opérations terrestres, et pas seulement en mer, a annoncé jeudi 27 novembre Donald Trump, en plein épisode de fortes tensions entre Washington et Caracas.
« Vous avez probablement remarqué que les gens ne veulent plus livrer (de la drogue) par la mer, et nous allons commencer à les arrêter sur terre également », a assuré le président américain lors d’une conversation télévisée avec les forces armées pour Thanksgiving, soulignant que cette opération commencerait « très bientôt ». Le trafic par voie maritime « est arrêté à environ 85 % », a-t-il assuré.
Depuis septembre, les forces américaines ont ciblé plus de 20 navires soupçonnés de trafic de drogue dans la mer des Caraïbes et le Pacifique Est, faisant au moins 83 morts. Des « exécutions extrajudiciaires », selon l’ONU.
Donald Trump accuse en particulier le Venezuela d’être un artisan du trafic de drogue qui inonde le marché américain, ce que Caracas dément. Le président américain a accru la pression en déployant mi-novembre en mer des Caraïbes le plus grand porte-avions du monde, l’USS Gerald Ford, et son groupe aéronaval.
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« 17 semaines de guerres psychologiques », selon Maduro
Nommément visé par Washington, le Venezuela assure que Donald Trump se trompe de cible et que seuls 5 % de la drogue produite en Colombie, le premier producteur mondial, cherche à transiter par le pays.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro estime qu’en réalité il s’agit d’une manoeuvre militaire visant à le renverser et à s’emparer des réserves de pétrole de son pays, déjà objet d’un embargo pétrolier et de sanctions économiques.
Donald Trump a autorisé des actions clandestines de la CIA au Venezuela et dit ne pas exclure une intervention militaire, tout en assurant mi-novembre qu’il parlerait « à un moment donné » à Nicolas Maduro.
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Dans un message télévisé à l’armée, Nicolas Maduro a évoqué jeudi « 17 semaines de guerres psychologiques » et appelé l’armée à rester « imperturbable » et « en alerte » face au déploiement américain dans les Caraïbes.
Ces derniers jours, une activité constante d’avions de combat américains a été enregistrée à quelques dizaines de kilomètres des côtes vénézuéliennes, selon des sites de suivi des aéronefs.
La République dominicaine, voisine du Venezuela, a par ailleurs autorisé cette semaine les États-Unis à utiliser des installations aéroportuaires dans le cadre de son déploiement, tandis que l’État insulaire de Trinité-et-Tobago, éloigné d’une dizaine de kilomètres seulement du Venezuela, a accueilli récemment des exercices des Marines américains.
Jeudi, à bord du porte-avions Gerald Ford, le ministre de la Défense Pete Hegseth a salué à l’occasion de la fête de Thanksgiving les soldats américains en mission, des « guerriers qui veillent à la sécurité », que ce soit aux États-Unis ou « en mer en luttant contre les cartels ».
Un contexte tendu où Caracas médiatise ses opérations contre le narcotrafic
Washington a aussi intensifié la pression en désignant lundi comme organisation terroriste étrangère le Cartel des Soleils, une organisation dont l’existence reste à démontrer selon de nombreux experts et qui, selon Washington, serait dirigée par le président Maduro.
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Avant le déploiement militaire dans les Caraïbes, la justice américaine avait déjà porté à 50 millions de dollars la récompense pour des informations conduisant à la capture de Nicolas Maduro.
Caracas médiatise davantage qu’auparavant ses opérations contre le narcotrafic, montrant régulièrement des images parfois spectaculaires d’explosions de laboratoires, de destruction de pistes clandestines ou de petits avions abattus. Fin octobre, l’armée avait ainsi annoncé la destruction de deux camps présentés comme ceux de « narco-terroristes colombiens » dans le sud du pays.
Dans ce contexte tendu, six compagnies aériennes, dont Iberia, TAP et Turkish Airlines, ont suspendu leurs liaisons avec le Venezuela, ce qui leur a valu de se voir retirer leurs licences par Caracas.
Avec AFP










