La révélation du rapport était très attendue aux Etats-Unis, à quelques jours de la cérémonie d’investiture, le 20 janvier, qui marquera le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Selon un rapport du procureur spécial Jack Smith, rendu public mardi 14 janvier, le président élu aurait été condamné pour sa tentative d’inverser le résultat de l’élection de 2020 s’il n’avait pas été réélu en novembre.
Donald Trump a été poursuivi dans l’enquête sur la prise d’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 par une foule de ses partisans du républicain pour contester l’élection de Joe Biden à la présidentielle. Mais sa réélection en novembre a changé la donne juridique, mettant fin aux poursuites contre le républicain dans cette affaire, tout comme dans celle, distincte, à propos de sa gestion de documents top secret après son départ de la Maison Blanche.
Jack Smith, qui a instruit les deux procédures fédérales contre le président élu républicain, a transmis, le 7 janvier, au ministre de la justice, Merrick Garland, son rapport confidentiel sur ces deux dossiers, avant de démissionner. Dans ce rapport, il déclare que son équipe a « défendu l’Etat de droit » lors de son enquête sur l’assaut du Capitole. « Le bureau [du procureur spécial] a estimé que les preuves étaient suffisantes pour obtenir et maintenir une condamnation lors d’un procès (…), s’il n’y avait eu l’élection de M. Trump et son retour imminent à la présidence. »
« Mensonges » utilisés « comme une arme »
« La ligne directrice de tous les efforts criminels de M. Trump était la tromperie – des affirmations sciemment fausses de fraude électorale – et les preuves montrent que M. Trump a utilisé ces mensonges comme une arme pour faire échouer une fonction du gouvernement fédéral qui est à la base du processus démocratique des États-Unis », est-il ajouté.
Le rapport attire une nouvelle fois l’attention sur les efforts frénétiques mais infructueux de l’ancien président républicain pour s’accrocher au pouvoir en 2020. La victoire électorale de M. Trump en novembre dernier ayant mis fin aux poursuites, le document devrait constituer la dernière chronique du ministère de la justice sur un chapitre sombre de l’histoire américaine qui a menacé de perturber le transfert pacifique du pouvoir et complète les actes d’accusation et les rapports déjà publiés.
M. Trump a réagi, tôt mardi, dans un message publié sur son réseau social Truth Social, affirmant qu’il était « totalement innocent » et de « procureur boiteux qui n’a pas pu faire juger son affaire avant l’élection ». « Jack Smith le Dérangé n’a pas été capable de poursuivre avec succès l’adversaire politique de son “patron”, Joe Biden le Corrompu. Alors il finit par écrire un énième “rapport” basé sur des informations » qu’un groupe de « politiques corrompus et de voyous a détruites et supprimées illégalement, parce que cela montrait à quel point j’étais totalement innocent », a-t-il écrit.
En août 2023, un grand jury avait estimé que les charges étaient suffisantes pour justifier l’inculpation de Donald Trump, en raison de son rôle dans une tentative d’interruption du transfert pacifique du pouvoir. Défait par Joe Biden lors de l’élection de novembre 2020, Donald Trump avait organisé une campagne de mensonges sur des fraudes imaginaires, puis avait exercé des pressions sur de hauts responsables au ministère de la justice ainsi que dans plusieurs Etats disputés (Géorgie, Arizona, etc.).
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Il avait enfin, avec des conseillers, tenté de promouvoir des listes alternatives de grands électeurs, s’efforçant en vain de convaincre le vice-président, Mike Pence, de bloquer la certification des résultats au Congrès. Les appels à la mobilisation de ses partisans, le 6 janvier 2021, qui finirent par attaquer la police autour du Capitole et à forcer l’entrée du bâtiment, furent l’étape ultime de cette conspiration.