Une directive européenne impose aux patrons d’être davantage transparents quant aux rémunérations.
Dès juin 2026 au plus tard, les entreprises françaises au-delà d’un certain seuil devront communiquer aux employés qui le demandent la moyenne des salaires pour un poste équivalent.
Une révolution visant à réduire les écarts de rémunération entre les sexes.
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LE WE 20H
Et si vous connaissiez le salaire de vos collègues ? « Peut-être que ça permettrait de mieux négocier notre salaire au bout d’un certain temps dans l’entreprise », réagit une passante, interrogée dans le reportage en tête de cet article. « J’ai peur que ça fasse un petit peu trop de tensions en disant ‘lui, il ne fait rien, il gagne tant, alors que moi, je travaille comme un forcené et je ne gagne que la moitié’« , se méfie un autre. Dès juin 2026 au plus tard, la France devra avoir transposé une directive européenne sur la transparence des rémunérations. Les entreprises au-delà d’un certain seuil devront communiquer aux employés qui le demandent, non pas le salaire individuel, mais la moyenne des salaires pour un poste équivalent.
Un tabou qui s’estompe
Une transparence déjà appliquée par certains patrons. « Les salariés discutent entre eux, donc je ne vois pas pourquoi je le cacherais. Ça va mettre une mauvaise ambiance en cachant quelque chose », explique Stéphane Cohen, directeur d’un restaurant à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine).
Selon une récente enquête menée par le site consacré à l’emploi Hellowork, 54% des salariés se disent à l’aise pour parler rémunération avec leurs collègues, contre 17% en 2019. Une autre étude publiée en septembre, menée par YouGov pour le cabinet de recrutement PageGroup, montre que sept salariés sur dix sont prêts à demander le salaire médian de leurs collègues.
« Je trouve que ça permettrait d’éviter certains écarts qui ne sont pas toujours justes », tranche une autre passant, interrogée dans le reportage de TF1 ci-dessus. Adoptée par le Conseil européen en avril 2023, cette directive vise à réduire les écarts, notamment entre les hommes et les femmes, la différence s’établissant toujours à 13 % en moyenne en 2020 au sein de l’Union européenne, selon l’institution. Avec cette révolution, les entreprises devront modifier les salaires en cas d’écart non justifié de plus de 5% entre deux collègues, et s’exposeront à une amende si elles ne le font pas.
Une politique difficile à mettre en place, qui, selon certains experts, nécessite des contrôles réguliers. « Entre le texte et la mise en application, il y a souvent un monde », prévient Clara Moley, spécialiste de l’égalité au travail. Le principe de « à travail égal, salaire égal’, c’est inscrit dans le code du travail. L’égalité entre les hommes et les femmes, c’est inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen depuis très longtemps », poursuit-elle.
En parallèle, les employeurs devront rendre publique une fourchette de rémunération sur les offres d’emplois. Si la France a pris de l’avance par rapport à ses voisins européens, le chantier de l’égalité professionnelle a été interrompu par la dissolution de l’Assemblée nationale, et désormais la préparation du budget.