Le Hollywood des années 1970 fut un monde taillé pour les acteurs. Par moments, une actrice pouvait s’y glisser subrepticement, imposer un visage, une silhouette, une personnalité : par exemple, Diane Keaton. Morte, samedi 11 octobre, en Californie à l’âge de 79 ans, elle incarnait l’idée que l’industrie se faisait de la femme indépendante, urbaine, célibataire, affectivement et économiquement autonome.
Ses rôles inoubliables dans les films de Woody Allen donnaient la sensation d’une présence qui débordait le cinéma, inscrite à même la trame d’une ville, New York. Elle incarna, avec d’autres, un changement de paradigme à Hollywood, alors bousculé par les mutations sociétales et une seconde vague de féminisme. Peu à peu, les actrices se déprenaient du glamour pour devenir des corps concrets : qui travaillent, ont une sexualité, un emploi du temps, des revendications face aux hommes et aux exigences de l’industrie, cette dernière n’arrêtant pas pour autant de les sous-estimer.
Diane Keaton, de son vrai nom Diane Hall, est née le 5 janvier 1946 dans une banlieue de Los Angeles. Fille aînée d’une fratrie de quatre enfants, elle grandit sous le regard d’un père ingénieur, et d’une mère au foyer à la fibre artistique qu’elle communique à ses enfants. A 19 ans, Diane Hall quitte la côte Ouest des Etats-Unis pour s’établir à New York, là où tout se passe. Sa formation passera par une cure psychanalytique et les cours d’art dramatique de Stanford Meisner dont la méthode est dérivée de celle de Stanislavski. La jeune femme y puise là tout son art : « J’ai vraiment appris l’outil qui est devenu mon métier, une certaine fraîcheur qui consistait, comme il le disait, à vivre sincèrement dans des circonstances imaginaires ».
Il vous reste 86.9% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.











