Des taxis français ont organisé des opérations de ralentissement et de blocage, lundi 2 décembre, pour protester contre la convention en cours de négociation avec l’Assurance-maladie, qui réduit les tarifs pour le transport de patients.
Des centaines de véhicules ont entamé des opérations escargots sur plusieurs points d’accès à l’agglomération de Lyon, selon la préfecture, mais aussi autour de Marseille, Niort et Toulon. Selon Franceinfo, la Fédération nationale du taxi prévoit des actions dans une trentaine de départements, dont l’Aude, l’Eure-et-Loire, le Calvados, la Gironde, l’Esonne, les Hauts-de-Seine ou encore la Seine-Saint-Denis.
Actuellement, les chauffeurs sont rémunérés environ 1,50 euro par kilomètre pour le transport médical. Avec la nouvelle convention, qui doit entrer en vigueur en janvier 2025, le tarif passerait à 1 euro par kilomètre. Le transport médical peut représenter jusqu’à 90 % de l’activité de certains taxis, qui protestent aussi contre une obligation de faire du « taxi partagé », proposée par la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM).
Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, les taxis ont pour objectif de paralyser la métropole lyonnaise et de bloquer l’accès à ses hôpitaux. Venus du Puy-de-Dôme, de l’Isère, la Drôme, la Loire ou encore la Haute-Loire, les chauffeurs de taxis ont notamment bloqué plusieurs voies de l’autoroute 7 (A7), de l’A43 et de l’A46, provoquant plusieurs dizaines de kilomètres d’embouteillages ou de ralentissements à l’entrée de l’agglomération lyonnaise. Sur un rond-point d’accès au périphérique nord de Lyon, environ 150 taxis, feux de détresse allumés, stationnaient en files indiennes, sans pour autant bloquer totalement la circulation. Certains affichaient des pancartes « taxis en grève » ou « taxi médical en danger ».
« On va perdre le côté humain »
Une trentaine de chauffeurs se sont aussi installés à l’entrée de l’hôpital Edouard-Herriot à Lyon, pour distribuer des tracts intitulés « Transport médical en danger », sans gêner l’accès. « Non seulement on va attendre très longtemps pour remplir la voiture, on va faire des tournées qui n’en finiront pas, mais aussi on va détériorer le service qu’on a mis en place depuis des années avec les patients », explique à l’Agence France-Presse Abdel Green, président de la Fédération des taxis indépendants du Rhône (FTI69).
« On est juste en train de nous comparer à des transporteurs de colis. Sauf qu’on transporte des humains », fait aussi valoir le responsable, qui insiste sur l’importance de ces trajets pour certains patients. « C’est ça qui nous embête, bien plus que le fait qu’ils veuillent nous faire rouler à 0,98 centimes du kilomètre au lieu de 1,67 euros. »
Regrouper les patients dans un taxi partagé, c’est les « parquer comme du bétail », dénonce aussi Nicolas Galliot, 43 ans, chauffeur de taxi à Clermont-Ferrand, pour lequel le transport médical représente 60 % à 70 % de son chiffre d’affaire. « On va perdre le côté humain de notre métier », s’inquiète-t-il.
Selon un point à 8 h 15, la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes relevait une situation « très perturbée » aux entrées autoroutières de l’agglomération lyonnaise, avec quatre points de blocage et une opération escargot à Villefranche-sur-Saône, et des ralentissements au péage de Saint-Quentin-Fallavier.
Des blocages prévus à Marseille, Niort et Paris
Mais l’agglomération lyonnaise n’est pas la seule à être ciblée par ces blocages. Dans les Bouches-du-Rhône, au moins 200 taxis étaient mobilisés à la Valentine, saturant l’A50, lundi matin, et ont commencé à rouler vers le péage de Lançon-de-Provence, sur l’A7. D’autres étaient également réunis dans le Var et aux abords de Toulon, où les chuaffeurs prévoient de se retrouver dans le centre-ville, devant la CPAM. « Ces réformes ne fragilisent pas seulement notre métier, elles affaiblissent également tout le système de santé », regrette le syndicat Taxis en route 13 des Bouches-du-Rhône dans un communiqué.
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Des actions sont aussi prévues dans les Deux-Sèvres, aux alentours de Niort. A Paris, l’association Team Taxi a lancé un appel « rassemblement des chauffeurs de taxi autour de l’Assemblée nationale » mardi, mercredi et jeudi.