« Déshabiller des photos n’a jamais été aussi facile. » Sur des dizaines et des dizaines de sites Internet consultés par Le Monde s’affichent des slogans du même acabit. Leur mauvais goût n’est égalé que par celui des illustrations : le plus souvent de fausses photographies mettant en scène des femmes nues, parfois dans des positions inspirées de films pornographiques. Toutes vantent des services de « déshabillage » par intelligence artificielle (IA) : grâce à eux, il suffit à un internaute de posséder la photo d’une personne pour effacer ses vêtements et obtenir ainsi un faux « nu ».
Ces outils font peu de mystère du public visé : des hommes hétérosexuels. Peu de mystère, non plus, concernant les cibles, les exemples proposés étant exclusivement des femmes, parfois des actrices célèbres. Plusieurs affaires ont éclaté ces dernières années dans des établissements scolaires, notamment en France, démontrant que les victimes étaient avant tout des femmes et des jeunes filles, dénudées, sans leur consentement, en ligne. Les plateformes, elles, se défendent souvent avec des conditions d’utilisation fantoches, exhortant à ne pas utiliser leurs services sur des personnes sans avoir obtenu leur accord.
Derrière ces outils se cachent plusieurs réseaux. Le plus important, tant en termes de trafic que de sites mis en ligne, est régulièrement baptisé ClothOff ou Undress. Il est relié à plusieurs dizaines de noms de domaines vendant des services de « déshabillage » de photos. En 2024, le quotidien britannique The Guardian avait identifié deux ressortissants biélorusses impliqués dans ce réseau ; un lien que Le Monde a également pu confirmer, sans établir toutefois leur rôle exact.
Un autre réseau, bien plus modeste, est lié à une demi-douzaine de sites. Il a été initialement enregistré par un développeur, qui semble avoir eu un simple rôle de support technique. Contacté par Le Monde, ce dernier (il n’a pas souhaité donner son nom) assure ne plus faire partie du projet, désormais administré par une autre personne, et « regrette avoir participé » à un écosystème « qui a fait du mal à des enfants ». Interrogé sur le donneur d’ordres, il n’a plus donné suite à nos sollicitations.
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