- Quelques jours après son départ retentissant du gouvernement, Bruno Retailleau a accordé une longue interview à LCI.
- TF1info fait le point sur ce qu’il faut en retenir.
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Lecornu II : le nouveau gouvernement à l’épreuve du budget
Depuis son départ du gouvernement, Bruno Retailleau s’était montré discret dans les médias. Le patron des Républicains est sorti du silence ce jeudi 23 octobre, au cours d’une longue interview accordée à LCI. En voici les principaux temps forts.
Son état d’esprit
« Je suis très combattif parce que j’aime mon pays. Je suis à la fois très concentré et déterminé. Depuis la dissolution ratée, la situation politique est inextricable. À l’Assemblée nationale, il n’y a pas de majorité, et donc c’est très compliqué ».
Et au Vendéen de se projeter : « Les Français souffrent et la politique les désespère. Je sais que l’on peut construire un chemin pour reconstruire le pays (…) Il y a un chemin de l’espérance. Demain, j’en suis certain, on peut construire quelque chose ».
Son départ du gouvernement
« J’ai occupé un poste très difficile, celui des urgences des crises. Je n’étais pas là pour les places, j’étais là pour une mission. J’étais profondément attaché à ce ministère. À ce moment-là, j’ai considéré que je ne pouvais plus remplir ma mission.
Le départ du gouvernement n’est pas un coup de sang. Ce qui m’apparaissait clair, c’est que LR ne serait qu’une caution. Le problème était de traiter en paillasson les Français. J’ai revu la main de l’Élysée planer sur Matignon, symptomatique d’une déconnexion avec les Français. Ça n’a rien de personnel, c’est un désaccord sur le fond. On nous a caché qu’il y avait Bruno Le Maire. C’était incroyable : on demandait avec ce budget aux Français de faire des efforts mais on faisait revenir au gouvernement l’un des co-responsables du quoi qu’il en coûte »
, explique-t-il à Darius Rochebin.
« Si, par malheur, je m’étais retrouvé sur les bancs du gouvernement au moment où Sébastien Lecornu a prononcé ce discours de politique générale, dans l’heure j’aurais donné ma démission. Le bateau prenait une autre direction que celle de nos convictions »
, confie-t-il. Un moyen de dire qu’il aurait quitté le gouvernement quelle que soit la situation.
Quel avenir pour les membres de LR au gouvernement ?
Plusieurs membres du parti Les Républicains ont intégré le gouvernement Lecornu II, malgré le veto du parti. Sont-ils toujours membres de cette même famille politique ? « Non, plus depuis hier soir
(mercredi soir, ndlr). Nous avons tenu un Bureau politique. La ligne est très claire. Dans un gouvernement avec une déclaration de politique générale socialiste, il est hors de question de faire que la ligne ne soit pas claire. Depuis hier soir, ils ont été suspendus. Ils ne sont plus LR et doivent quitter toutes leurs fonctions nationales, ou locales. Les choses ont été clarifiées »
, indique l’ancien ministre de l’Intérieur.
Quid de Rachida Dati, investie par LR quelques mois plus tôt pour les prochaines élections municipales ? « Nous l’avions investie. Elle était à l’époque LR, elle ne l’est plus. Il nous arrive parfois de soutenir des candidats qui ne sont pas forcément LR. On verra avec la fédération de Paris comment les choses s’organiseront ».
En route vers 2027 ?
Bruno Retailleau est-il favorable à une primaire de la droite ? « (À droite), il n’y a jamais de candidat naturel, je l’accepte parfaitement. J’aime la compétition, à condition qu’elle soit un débat de fond. L’époque des hommes providentiels est terminée. Je pense qu’il faut d’abord avoir des propositions nouvelles. C’est le projet qui ira à la rencontre des Français ».
Bruno Retailleau sera-t-il candidat à cette présidentielle de 2027 ? « Je ne peux pas le dire. La France est tellement abîmée qu’il y aurait quelque chose d’obscène à se projeter en 2027. Mon devoir est de reconstruire la droite à partir de propositions. On doit régler les problèmes plutôt que se projeter sur la présidentielle »
.
Un référendum sur l’immigration
Si, malgré tout, il est élu président en 2027, Bruno Retailleau veut légiférer sur l’immigration, « remettre le système à plat »
et « modifier la constitution par un référendum, via l’article 11 »
. « Il faut prévoir un référendum sur l’immigration très vite, peut-être même au moment des législatives, avec 25 ou 30 questions, pour que le Conseil constitutionnel ne puisse pas censurer. La 2ᵉ chose, c’est rétablir le délit de séjour irrégulier. Troisième chose, il faut donner au ministère de l’Intérieur la totalité des pouvoirs, pas seulement sur les sorties mais aussi les entrées sur le territoire »
.
Vers une union des droites ?
« J’ai toujours réfuté l’union des droites par les appareils. Le programme économique du RN est social-étatiste. Ce qui est possible, c’est ce qu’a fait Nicolas Sarkozy en 2007, à savoir la fusion par les électeurs. Ceux qui essayent de combattre le RN par la morale se trompent totalement. La gauche a tétanisé la droite en lui interdisant de se saisir de l’immigration. Pour moi, la droite ce n’est pas une gauche un peu moins à gauche »
, analyse Bruno Retailleau.
Que pense-t-il d’Emmanuel Macron ?
« J’ai eu très peu de contacts personnels avec Emmanuel Macron. Mais il y a chez lui, le meilleur et le pire, à savoir une intelligence hors du commun et un ego hors du commun. J’ai beaucoup souffert du en même temps »
, concède-t-il. « Le pouvoir n’est intéressant que s’il est au service d’un idéal, d’un peuple, d’une nation, pas au service de soi-même pour durer »
, tacle-t-il, dans une attaque à peine camouflée au président de la République.









