Quand il s’agit de choisir parmi les âges de la vie, la préférence va souvent à la fraîcheur et au dynamisme de la jeunesse, période riche de possibilités et d’insouciance. L’autrice toulousaine Delphine Panique, 44 ans, en a décidé autrement. Dans Vieille, son dernier album, paru aux éditions Misma en novembre, elle prend les lecteurs à rebours en se glissant dans la peau d’une nonagénaire au caractère détonnant. Loin de la mamie gâteau patiente et aux petits soins, l’héroïne au corps difforme et mou prend plutôt les accents acariâtres de la série Carmen Cru, de Jean-Marc Lelong (1944-2004). La bédéaste – qui a déjà une dizaine d’albums à son compteur, dont quatre ont fait partie de la sélection officielle du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême – livre ainsi un récit original, à la fois drôle et touchant.
Mis à part sa « Fifille » qui vient lui « exposer sa jeunesse [70 ans] au visage » et son chat Ryan, la « Vieille » tient l’album de bout en bout, à la façon d’un seule-en-scène. Au fil des pages teintées d’élégants camaïeux rouge, rosé, marron et gris, le caractère bien trempé de la protagoniste de Delphine Panique se révèle. Elle pète sur les gens qui se moquent d’elle au supermarché ou « emmerde » ceux qui rient de son poil au menton. Derrière ce côté grincheux transparaissent surtout les problématiques de la vieillesse – regrets, solitude, douleurs du corps et de l’âme – ainsi que les rêveries et la poésie, suggérant la tendresse de l’autrice pour les femmes âgées.
Il vous reste 82.07% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.












