L’AVIS DU « MONDE » – POURQUOI PAS
Vaguement inspiré de la série des années 1980 L’Homme qui tombe à pic, qui suivait les aventures d’un cascadeur hollywoodien, The Fall Guy nous promettait, sur le papier, un de ces divertissements pyrotechniques renouant avec une définition artisanale de l’action, où l’ampleur de la mise en scène viendrait saisir les tribulations d’un corps dans l’espace, quelque part entre Buster Keaton et la saga Mission impossible.
Ryan Gosling, pas tout à fait encore sorti de son rôle de Ken dans Barbie, incarne Colt Seavers, un cascadeur des studios d’Hollywood qui, sur un tournage, a été victime d’un grave accident et a dû mettre fin à sa carrière. On le retrouve six ans après : désormais voiturier, il est contacté par son ancien agent qui lui propose de remplacer au pied levé la doublure d’une vedette qui tient le premier rôle sur la superproduction Metalstorm. Aux manettes de ce film de science-fiction, Jody Moreno (Emily Blunt), qui, avant l’accident, entretenait une relation naissante avec Colt. Depuis, il a disparu sans laisser de traces, et elle lui en veut à mort.
Le tournage sera l’occasion d’une petite vengeance où, profitant des scènes de cascade, Jody mettra le goujat à l’épreuve – le scénario de Metalstorm est d’ailleurs largement inspiré de leur histoire.
Une mise en abyme permanente
The Fall Guy déroule ainsi une mise en abyme permanente entre fiction et réalité. Cela aurait pu être ludique et savoureux si David Leitch, cascadeur de formation qui fut la doublure de Jean-Claude Van Damme, ne se voyait très vite dépassé par son programme où film d’action et comédie romantique s’intriquent et se prolongent l’un l’autre. Les scènes d’action sont autant de pétards mouillés rendus illisibles par le montage.
Et aucune osmose ne se laisse percevoir entre Emily Blunt, étrangement cantonnée à un rôle de réalisatrice plus obnubilée par son chagrin d’amour que par son tournage, et Ryan Gosling, qui, dans le rôle de l’acteur le plus cool d’Hollywood, finit par épuiser.
Surtout, c’est comme si The Fall Guy oubliait précisément de jouer avec l’or qu’il a entre les mains : soit cette figure de l’ombre qu’est le cascadeur, remise au goût du jour par le magnifique Once Upon a Time… in Hollywood (2019), de Quentin Tarantino. Le film préfère se gaver d’enjeux périphériques, à commencer par une intrigue de thriller dispensable et des tonnes de clins d’œil et de blagues « meta ». Il semble souffrir du même mal que son héros : The Fall Guy a étrangement peur du vide.
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