L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER
L’année cinéma s’ouvre avec un film « gueule de bois », qui ne cherche jamais à séduire et qui pourtant nous happe dans son atmosphère fantastique et cotonneuse. Quiet Life, cinquième long-métrage du réalisateur grec Alexandros Avranas, plonge sans pincettes dans le quotidien d’une famille de réfugiés russes : en 2018, après avoir fui leur pays, Natalia (Chulpan Khamatova), Sergei (Grigoriy Dobrygin) et leurs deux filles ont réussi à passer en Suède et vivent dans un logement provisoire à Stockholm. Les parents ont déposé une demande d’asile et ont tout respecté à la lettre pour s’intégrer : leurs enfants sont scolarisés, la petite excelle à la chorale de l’école, etc.
Le film s’ouvre sur les deux têtes blondes en robe et socquettes, au garde-à-vous dans l’entrée de l’appartement, alors que deux agents de l’Office des migrations viennent inspecter le domicile. La visite chorégraphiée, au burlesque silencieux, culmine dans la cuisine, lorsque Natalia soulève en même temps les couvercles des deux cocottes où mitonne le repas. Comme pour mettre en scène son nouveau rôle de femme au foyer. Exilée en Lettonie après l’invasion de l’Ukraine, en février 2022, la star russe Chulpan Khamatova – Good Bye Lenin ! (2003), de Wolfgang Becker ; La Fièvre de Petrov (2021), de Kirill Serebrennikov – travaille en sourdine le désarroi de son personnage, aussi pâle que son intérieur gris-beige.
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