L’Institut national d’études démographiques (INED) a récemment publié sa note de conjoncture traitant des contrastes entre les espaces urbains et ruraux (« Une évolution démographique contrastée entre espaces ruraux et espaces urbains », de Magali Barbieri). Au-delà de cette analyse spatiale passionnante, on y lit que la population française continue de croître, mais à un rythme historiquement bas et que le solde migratoire est désormais le principal voire l’unique moteur de cette croissance.
La France est alors à un tournant majeur : elle appartiendra dès 2025 au groupe de pays européens dont le solde naturel (différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès) est négatif. Cette tendance se prolongera dans les prochaines années.
Regarder la « descendance finale »
Pourquoi un tel basculement démographique ? Pour deux raisons. D’abord, il y a un effet de structure par âge de la population : la génération du baby-boom, soit les personnes nées après 1945, atteint aujourd’hui 80 ans, un âge où, malgré les progrès de l’espérance de vie, il n’est pas anormal de mourir. Ensuite, il y a un profond changement de comportement : la baisse de la fécondité.
La note de l’INED rappelle à juste titre qu’en matière de renouvellement de population, il est préférable de regarder la « descendance finale », à savoir le nombre moyen d’enfants par femme dans les générations, plutôt que l’indice conjoncturel de fécondité (ICF) − soit 1,62 enfant par femme en 2024, et très probablement inférieur à 1,6 en 2025.
Dans la communauté des démographes, la baisse de l’ICF amorcée en 2010 a été interprétée comme « artificielle » ou « conjoncturelle », probablement en lien avec ce qui s’était passé il y a vingt ans : baisse jusqu’en 1993 (1,66), suivie d’une remontée pour dépasser 2 en 2010. Déjà en 1993, dans son ouvrage Marianne et les lapins. L’obsession démographique (Fayard), [le démographe] Hervé Le Bras avait taxé ses confrères d’être exagérément pessimistes et y voyait un réflexe nataliste de ces derniers.
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