L’idée a pris racine alors qu’ils bloquaient ensemble l’autoroute A9, à Nîmes (Gard), en janvier 2024, en pleine crise agricole. Durant les dix jours de mobilisation, Jonathan Altier, Boris Béchard et Nicolas Dussaud, trois viticulteurs qui ne se connaissaient pas, dressent un même constat : quelle alternative à la vigne ?
Dans ce département viticole, le mot arrachage est sur de nombreuses lèvres. « Mais pour cultiver quoi à la place ?, s’interroge Jonathan Altier, 30 ans. Nous sommes de jeunes agriculteurs et tous les trois papas. On cherchait un moyen de diversifier notre activité, avec une culture peu consommatrice en eau. Il fallait faire vivre nos exploitations. »
Les lentilles vertes et les pois chiches répondent à plusieurs de leurs critères : « Ce sont des cultures qui n’ont pas besoin d’irrigation. Elles résistent mieux au changement climatique en Méditerranée. Elles sont résilientes. » Rapidement, les viticulteurs profitent de la prime à l’arrachage et créent une association baptisée Les Perles du Gard pour débuter la culture sur 9 hectares, 6 pour les lentilles et 3 pour les pois chiches, sur leurs propres exploitations, situées sur trois zones différentes du département. En un an, les légumineuses remplacent les vignes arrachées.
Les premières récoltes viennent d’être commercialisées et d’apparaître dans les rayons du Mas des agriculteurs, un magasin fondé par la chambre d’agriculture du Gard et qui ne propose que des produits issus de l’agriculture locale.
Boutiques de circuit court et restauration
Les agriculteurs misent sur les boutiques de circuit court du département et sur la restauration collective. « Défendre un territoire nourricier, sensibiliser nos enfants à la qualité de ce qu’ils mangent, cela nous paraît essentiel », reprend Jonathan Altier. Dans leur démarche, la loi EGalim, qui impose aux cantines de proposer 50 % de produits locaux et durables, est une aubaine, qui se rajoute à la tendance de la hausse des menus végétariens. Le président de l’association rajoute : « Le contexte général paraît favorable. Et pour nous, agriculteurs, ce sont des céréales qui régénèrent naturellement les sols, réduisent la dépendance aux engrais azotés et participent à une agriculture plus autonome. »
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