L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR
Désirant devenir acteur, Wisi (Jean-Pascal Zadi) débarque à Bordeaux en pleine galère. A la soupe populaire, il croise Marina (Emmanuelle Devos), entièrement dévouée à la cause humanitaire, qui, apprend-il, héberge un sans-papiers. Gentil, bosseur et non moins roublard, Wisi parvient à attendrir la dame, en prenant un accent ivoirien à couper au couteau afin de se faire passer pour un migrant. Marina, générosité et compassion à fleur de peau, accepte d’accueillir le lascar, mais pour une nuit seulement.
Autant dire que, usant à bon escient de ses dons de comédien, Wisi réussira à taper l’incruste bien plus longtemps. Pire encore, il imposera la présence de Jérôme (Raphaël Quenard), rencontré par hasard, qui, malgré ses réflexions racistes et sa phobie de l’effort, le convainc de venir à son secours. Jérôme vient, en effet, de perdre sa mère, à qui il souhaite offrir une tombe digne de ce nom. Sans le sou, il lui faut trouver les moyens d’éviter la fosse commune à cette dernière.
Voilà donc les deux pieds nickelés faisant route commune pour s’en sortir, s’embarquant, pour y parvenir, dans des situations rocambolesques dont ils se tirent tant bien que mal. L’un, bon bougre, se laissant entraîner par le second, aussi flemmard que manipulateur, dans des plans de plus en plus foireux. La confrontation engendre quelques conflits et rébellions que le film préserve de l’esprit de sérieux. Dans Pourquoi tu souris ? prévaut en effet la bonne humeur, règne une générosité contagieuse qui infusera jusqu’au personnage de Jérôme, faisant évoluer le lascar égocentrique vers plus de tendresse et d’ouverture aux autres.
Art du baratin
Exploitant à fond la formule du tandem antagoniste – marronnier de la comédie populaire –, Christine Paillard et Chad Chenouga ont pour atout deux acteurs bénéficiant d’un haut capital sympathie, rodés à l’humour et dont la puissance comique semble n’exiger aucun effort. Les réunir est l’une des meilleures idées du film. Le plaisir qu’il procure reposant pour une bonne part sur le spectacle de ses deux comédiens jouant ensemble comme deux gosses dans une cour d’école.
Il faut bien reconnaître qu’à part l’art du baratin et, pour Jérôme, l’usage d’un langage châtié hérité des lectures auxquelles il consacre la majorité de son temps, les briscards ne sont doués en rien. Ce qui ne les empêche pas de foncer, tête baissée, sur toutes les occasions susceptibles de leur rapporter de l’argent. Notamment celle de devenir escort boy, rôle que, à son corps défendant, sera contraint d’endosser Wisi, son comparse ayant dû renoncer en raison des crises de panique qui l’ont saisi et empêché d’honorer les rendez-vous fixés par les clientes.
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