Ça ressemble à quoi, le Donbass ? Pourquoi cette région de l’est de l’Ukraine se retrouve-t-elle au cœur de négociations entre Moscou et Washington dans l’espoir de mettre un terme à la guerre la plus meurtrière en Europe depuis 1945 ? Sur le papier, un territoire de 350 kilomètres sur 270 kilomètres, un dixième de la France, à peine plus que l’Alsace et la Lorraine. Un riche bassin minier traversé par la rivière Donets, ainsi baptisé par les bolcheviques dans les années 1930, quand ils y attirèrent des mineurs sibériens du Kouzbass et de toute l’Union soviétique pour en faire les héros du premier plan quinquennal. Administrativement, deux régions (oblasts) : Donetsk et Louhansk. Un paysage de terrils et de cheminées d’usine, de ciels anthracite et de steppes gris sable, où une carte routière ne sert pas à grand-chose.
Depuis les offensives russes de 2014 et 2022, plus des trois quarts du Donbass se trouvent sous la coupe de Moscou. La région de Louhansk est désormais entièrement occupée, et des 5 millions d’habitants que comptait le territoire avant le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie n’en demeurent plus que 200 000. Le seul Donbass accessible se réduit à cette partie « libre » de la région de Donetsk, que Moscou exige à grands cris : Kramatorsk, Sloviansk et la somme de petites villes et de petits villages, souvent défigurés, qui, depuis 2022, résistent tant bien que mal aux forces russes.
Parcourir cette partie du Donbass, c’est rouler sous des filets antidrones, retirer ses chaussures crottées et plonger d’un coup dans la chaleur des cités minières en chaussant les pantoufles réservées aux visiteurs, s’étonner de tant de visages plus vieux que leur âge, entendre maudire l’ennemi en russe et, à chaque étape, éprouver l’indicible impression d’une visite de la « dernière fois ».
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