De plus en plus d’entreprises ont recours à l’intelligence artificielle.
C’est même désormais le cas en matière d’augmentation de salaire.
Un manager rencontré par TF1 suit ses recommandations dans 95% des cas.
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LE WE 20H
L’intelligence artificielle est-elle la solution face aux inégalités entre les femmes et les hommes ? Les chefs d’entreprise l’utilisent en tout cas désormais pour contourner les biais conscients ou inconscients de l’homme. En témoigne l’exemple de l’entreprise de logiciels informatiques IBM, où l’IA a son mot à dire. Sa fonction : décider des augmentations de salaire des salariés. Au total, l’outil créé par l’entreprise basée à La Défense à Paris s’appuie sur une vingtaine de critères, ancienneté, rareté de la compétence… « On voit un certain de nombre de variables qui sont pris en compte pour l’analyse du collaborateur, son positionnement compétitif sur le marché, ses dernières augmentations de salaire, ses performances passées », détaille dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article Vincent Perrin, manager chez IBM.
Après avoir analysé les données, l’IA émet une recommandation de hausse de salaire, basse, moyenne ou élevée, et dans 95% des cas, le manager suit sa recommandation. « Je l’applique ou je ne l’applique pas, c’est quand même moi qui ai mon libre abrite, en disant je considère que ce collaborateur-là, je peux lui mettre un coup de pouce et donc une augmentation un peu plus importante », poursuit ce dernier.
« Un outil d’aide à la décision »
Avec ce type de logiciel, c’est aussi du temps de gagné pour les managers, et la garantie de prendre des décisions plus justes. « L’IA peut être une solution à réduire nos biais de jugement, en donnant des recommandations très factuelles indépendamment de l’âge ou du genre et derrière de dire, voilà, je te soumets cette recommandation et tu peux prendre ta décision », souligne Xavier Vasquez, directeur exécutif chez IBM.
Et cette innovation semble bien accueillie par les employés. « Plus l’équipe est grande, plus c’est compliqué de savoir et de connaitre chaque collaborateur, donc je pense que c’est un support, un outil d’aide à la décision », réagit une salariée, tandis qu’une seconde abonde : « Je trouve que ça va plutôt dans le sens du progrès ».
Cela peut même aller encore plus loin. Dans certains cas, c’est l’ordinateur qui donne des ordres aux salariés. Il y a un mois, l’une de nos équipes avait tourné des images, que remontre notre reportage, dans le plus grand centre logistique de France, où les robots se mélangent aux employés et leur disent où ranger les produits. Mais ce recours à l’IA a aussi sans doute ses limites. C’est l’avis de certains livreurs qui, eux, ne comprennent pas toujours les ordres qu’ils reçoivent. En cause : un algorithme qui fait arriver les commandes sur leur téléphone et fixe leur prix. Certains l’accusent de rémunérer les courses de façon aléatoire. Contactée par TF1, la plateforme Uber Eats explique avoir modifié il y a un an son système de tarification : « Le calcul du tarif proposé prend en compte le temps de livraison pour se rendre au restaurant, ainsi que le temps d’attente au restaurant et chez le client ».
En pratique, plus l’intelligence artificielle est entrainée par l’homme, plus elle devient puissante et indépendante. Voilà pourquoi, d’après cette spécialiste, l’humain doit se tenir prêt à intervenir. « C’est pour ça aussi que lorsque l’IA peu avoir un impact sur la vie des gens, on encadre très strictement ces usages-là, voire on les interdit », insiste Laure Lucchesi, spécialiste des enjeux liés à l’IA. Pour rappel, l’utilisation de l’intelligence artificielle en France est aujourd’hui régie par une loi européenne votée l’année dernière.