Le premier ministre, François Bayrou, arrivera lundi 30 décembre à Mayotte, et non la veille comme initialement envisagé, pour une visite tournée vers des « solutions concrètes » pour les habitants de l’archipel dévasté par le cyclone Chido, a appris l’Agence France-Presse auprès de Matignon, samedi 28 décembre. Il devrait se rendre lundi soir à La Réunion, importante base logistique située à 1 435 kilomètres, où il poursuivra sa visite le lendemain.
Il sera accompagné des ministres d’Etat Elisabeth Borne (éducation nationale) et Manuel Valls (outre-mer) et des ministres Valérie Létard (logement), Yannick Neuder (santé) et Thani Mohamed Soilihi (francophonie et partenariats internationaux). Les détails de la visite de cette importante délégation ministérielle n’ont pas encore été précisés.
M. Bayrou se rend à Mayotte « avec la volonté d’apporter des solutions concrètes aux populations sur place sur les questions d’éducation, de santé, d’habitat ». Et « avec son expérience d’élu local, qui sait apporter des réponses concrètes, et rapides surtout, pour répondre aux besoins des Mahoraises et des Mahorais », explique son entourage.
Dans une lettre ouverte, des collectifs citoyens de Mayotte dénoncent « l’insuffisance criante des mesures » de soutien après le passage du cyclone. « L’arrivée des secouristes – techniciens, ingénieurs et personnels spécialisés – a été marquée par une lenteur inacceptable, et leur nombre reste dramatiquement en dessous des besoins réels », écrivent les collectifs, ajoutant à la longue liste des urgences à traiter le difficile accès aux denrées de premières nécessités, le rétablissement du réseau électrique qui tarde, les écoles détruites et le risque de pillages et de squats des logements dont les occupants ont quitté l’archipel.
Trente-neuf morts recensés et plus de 4 000 blessés
Selon le bilan du ministère de l’intérieur publié vendredi, l’électricité avait été rétablie pour 46 % des habitants et quasi toute la population avait accès à l’eau courante.
Les collectifs demandent également « des mesures extraordinaires », dont « un plan de reconstruction rapide et structuré ». Ils réclament la création d’un « fonds solidaire exceptionnel » pour indemniser les sinistrés, y compris les non-assurés, et la « suppression des impôts fonciers pour l’année en cours ».
Vendredi, dans une lettre ouverte, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a réclamé « des actes » pour Mayotte au premier ministre, à qui il reproche de ne pas s’être rendu « immédiatement » sur place, d’avoir annoncé la composition de son gouvernement le jour du deuil national (le 23 décembre) et d’avoir « semblé chercher à relativiser l’importance de la catastrophe ».
« Les débris continuent de s’entasser faisant craindre des risques sanitaires, l’eau et la nourriture demeurent rationnées, l’électricité est coupée pour la moitié de la population et dans le nord-ouest de l’île et dans les bidonvilles rasés, les habitants se sentent abandonnés et attendent des aides », a écrit le premier secrétaire du PS, qui interroge également le chef du gouvernement sur « le travail de recensement des personnes décédées ».
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Nommé premier ministre le 13 décembre, à la veille du passage du cyclone, M. Bayrou avait suscité une vive polémique en se rendant le 16 décembre au conseil municipal de Pau, ville dont il entend rester maire, après avoir participé en visioconférence à une réunion de crise sur Mayotte.
Le bilan humain reste toujours très incertain, avec 39 morts officiellement dénombrés et plus de 4 000 blessés.