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Le premier ministre sortant, Andrej Plenkovic, à Zagrebn le 18 avril 2024.

La Croatie se prépare à vivre une période de discussions acharnées et probablement de nouvelles tensions, à l’issue d’élections législatives qui n’ont pas dessiné, mercredi 17 avril, de tendance claire.

Selon des résultats partiels fondés sur le dépouillement de plus de 80 % des bulletins de vote, le HDZ du premier ministre sortant, Andrej Plenkovic, serait en tête avec 61 sièges remportés, soit cinq de moins qu’en 2020. Derrière les conservateurs, les sociaux-démocrates (SDP) du président croate, Zoran Milanovic, arrivent en deuxième position avec 42 sièges. Loin, dans les deux cas, des 76 sièges nécessaires pour gouverner seul, ce qui laisse présager des négociations difficiles pour former une majorité.

Andrej Plenkovic n’avait pas encore pris la parole pour commenter les résultats à minuit. « Ce ne sont pas les résultats qu’on espérait », a, en revanche, reconnu le chef des sociaux-démocrates, Pedja Grbin. « Mais nous avons maintenant devant nous des jours, des semaines, peut-être des mois de négociations. Des négociations qui apporteront le changement qui fera de la Croatie un pays débarrassé de la corruption », a-t-il dit. « Et cela commence dès demain, avec tous ceux qui ont dit qu’ils n’iraient pas [en coalition] avec le HDZ. Il est temps de voir si c’était des mensonges ou s’ils veulent réellement le changement ».

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Zoran Milanovic, candidat surprise au poste de premier ministre

Derrière les deux grands partis croates, la droite nationaliste du mouvement patriotique Homeland arrive en troisième position avec treize sièges. Viennent ensuite les ultra-conservateurs de Most, qui pourraient en gagner onze. Le parti de gauche écologiste Mozemo devrait en avoir dix. Toutes les options semblent donc ouvertes pour des coalitions.

« Il semble clair que nous sommes la troisième force politique de Croatie, et nous parlerons à tous ceux qui nous appelleront », a déclaré dans la soirée le chef de Homeland, Ivan Penava, ajoutant « tous les camps nous appellent ».

Après une campagne tendue en forme de match de boxe entre le premier ministre et le président, ennemis de longue date de la vie politique croate, l’heure est donc venue de négocier.

« Je discuterai avec tous ceux qui veulent une Croatie où les gens ne volent pas, où il n’y a pas de pillage, où les gens ne sont pas dupés, où les gens qui ne respectent pas le code de la route − sans parler du code pénal − ne sont pas nommés à la tête du parquet national », a déclaré tout en votant Zoran Milanovic, candidat surprise au poste de premier ministre.

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Les juges ont beau avoir estimé sa candidature inconstitutionnelle tant qu’il ne démissionnait pas de la présidence, Zoran Milanovic, un social-démocrate aux accents de plus en plus populistes, a mené campagne comme une tête de liste, et comme si de rien n’était, tapant fort sur son rival, le premier ministre sortant, Andrej Plenkovic, au prix de nombreuses saillies et insultes. « Quand vous avez affaire à des voleurs et des sauvages qui profitent de leur pouvoir, vous devez réagir ainsi, vous devez montrer vos muscles », a-t-il expliqué.

Démissions de plusieurs ministres

La corruption a longtemps été le talon d’Achille du HDZ, qui a le plus souvent dirigé la Croatie depuis son indépendance en 1991. Plusieurs ministres ont dû démissionner ces dernières années, entachant la vie politique de nombreux scandales. Cela n’a pas empêché les Croates de voter en nombre − plus de 60 % des électeurs se sont déplacés, contre 46,9 % lors des élections de 2020.

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Ennemi juré du président depuis des années, le premier ministre en poste depuis 2016 a fait campagne en promettant stabilité et sérieux aux 3,8 millions d’habitants. Tout en rappelant que c’est sous son mandat que le pays est entré dans la zone euro et dans l’espace Schengen.

« Beaucoup de choses ont été réalisées au cours de ces dernières années, mais il y a toujours de nouveaux devoirs, de nouveaux défis, de nouveaux problèmes », a-t-il dit après avoir voté dans la capitale, Zagreb. « Dans un contexte géopolitique qui a sensiblement changé, face aux menaces sécuritaires, il est important que la Croatie soit dirigée de façon sérieuse, responsable, fiable et que tous nos citoyens soient en sécurité », a ajouté M. Plenkovic.

Membre de l’OTAN depuis 2009 et de l’Union européenne (UE) depuis 2013, la Croatie reste l’un des pays les plus pauvres de l’UE, avec un salaire mensuel moyen de 1 240 euros.

Le Monde avec AFP

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