Le ciel s’assombrit pour Aurore Bergé. Par dix voix contre neuf, le bureau de l’Assemblée nationale, soit sa plus haute autorité collégiale, a décidé, mercredi 9 octobre, de transmettre à la justice une « demande d’engagement de poursuites » pour « faux témoignage » visant la députée Renaissance des Yvelines, une infraction passible de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. La demande émane des députés La France insoumise (LFI) et écologistes du bureau, où la gauche est majoritaire.
Celle qui occupa brièvement la fonction de ministre des familles, de juillet 2023 à janvier 2024, est soupçonnée d’avoir menti devant une commission d’enquête parlementaire sur le modèle économique des crèches et la qualité d’accueil des jeunes enfants. Lors d’une audition le 30 avril, Mme Bergé a assuré, sous serment, n’avoir aucun « lien personnel, intime ou amical, ni d’accointances » avec la déléguée générale de la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC), Elsa Hervy.
C’est loin du récit fait par le journaliste Victor Castanet dans son livre enquête Les Ogres (Flammarion), paru le 18 septembre, portant sur les dérives des crèches privées et en particulier du groupe People & Baby. Dans un chapitre titré « Aurore Bergé, ministre de… la com », le journaliste, à l’origine des révélations sur le scandale Orpea, dénonce « une sorte de pacte de non-agression permettant de préserver l’image du gouvernement et des acteurs privés » lors de la publication de deux précédents ouvrages sur le secteur de la petite enfance, en septembre 2023. Il fait la démonstration que la proximité entre la ministre et la porte-parole de la FFEC a, d’une part, permis que les acteurs du secteur ne mettent pas en cause, à cette occasion, la politique gouvernementale de la petite enfance, mais aussi que « des éléments de langage en co-construction » avec les acteurs privés ont alors été repris par Aurore Bergé.
La polémique « au détriment du fond »
Des accusations démenties par cette dernière, qui a annoncé, mardi 1er octobre, avoir déposé plainte en diffamation, s’élevant sur Franceinfo contre « l’ère du soupçon et de la rumeur ». Joint par Le Monde mercredi, le parquet de Paris « n’a, à ce jour, été avisé d’aucune de ces deux procédures possibles » que sont la citation directe devant le tribunal correctionnel ou la plainte avec constitution de partie civile. Victor Castanet n’en a pas non plus eu connaissance à ce jour. Auprès du Monde, le journaliste déplore que le débat se déplace sur la polémique « au détriment du fond », et donc de la question des maltraitances dans les crèches privées.
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