Après des dernières heures de discussions tendues, un accord a été trouvé à Bakou dans le cadre de la 29e conférence des parties (COP29), samedi 23 novembre. Les pays développés et les pays du Sud ont finalement trouvé un accord financier d’« au moins 300 milliards de dollars » par an (environ 288 milliards d’euros) pour venir aide aux pays les plus vulnérables et confrontées aux conséquences du réchauffement climatique.
Mais le texte, finalisé pendant la seconde nuit de prolongation, laisse un goût amer à de nombreux participants. Les pays les plus pauvres de la planète et les Etats insulaires du Pacifique, des Caraïbes ou d’Afrique demandaient le double ou plus.
L’Inde a immédiatement contesté l’accord obtenu. « Le montant qu’il est proposé de mobiliser est terriblement faible. C’est une somme dérisoire », a déclaré Leela Nandan, fonctionnaire indienne. « L’Inde s’oppose à l’adoption de ce document », a-t-elle annoncé, accusant la présidence azerbaïdjanaise de lui avoir refusé la parole avant l’approbation finale du texte.
« Aucun pays n’a obtenu tout ce qu’il voulait, et nous quittons Bakou avec une montagne de travail à accomplir. Ce n’est donc pas l’heure de faire des tours d’honneur », a reconnu le chef de l’ONU Climat, Simon Stiell dans une déclaration. Il a toutefois qualifié l’accord de « police d’assurance pour l’humanité » face aux impacts du changement climatique.
« Cet accord est un affront »
Cet accord intervient après la colère exprimée plus tôt samedi par les délégués des 45 pays les plus vulnérables et d’une quarantaine de petits Etats insulaires, qui s’opposaient aux engagements financiers des pays développés, trop faibles selon eux. Ces derniers ont alors quitté une réunion avec la présidence de la COP pour protester contre un projet de texte final non publié officiellement par les organisateurs de la COP29 mais présenté à huis clos aux pays samedi et consulté par l’Agence France-Presse (AFP).
« Cet accord est un affront », avait notamment fustigé l’émissaire des Iles Marshall, Tina Stege. Cela a déclenché en urgence une réunion au sommet avec les plus hauts négociateurs de l’Union européenne (UE), des Etats-Unis, du Royaume-Uni et la présidence du sommet, où de nouvelles propositions leur ont été faites, sans réellement revoir à la hausse l’engagement financier.
Dans le texte final, les pays occidentaux (Europe, Etats-Unis, Canada, Australie, Japon, Nouvelle-Zélande) s’engagent donc à augmenter de 100 à 300 milliards de dollars par an, d’ici à 2035, les financements pour les pays en développement ; ce qui s’avère très éloigné des demandes desdits pays qui exigeaient au moins le double.
Bakou fut une « expérience douloureuse », a affirmé la ministre brésilienne de l’environnement, Marina Silva, qui accueillera la prochaine COP dans un an.
Pas de référence à la sortie des énergies fossiles
Par ailleurs, l’appel à la « transition » vers la sortie des énergies fossiles, acquis principal de la COP28 de Dubaï combattu par l’Arabie saoudite, n’apparaît pas explicitement dans les principaux textes finaux présentés à Bakou dimanche. L’appel à « opérer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques » avait été arraché dans la douleur en 2023.
Un an plus tard, cette phrase n’est pas reprise explicitement dans les principaux textes soumis à la COP29 en Azerbaïdjan, qui tient sa richesse de l’exportation des hydrocarbures. Elle est seulement évoquée à travers une mention du paragraphe 28 du document adopté l’an dernier, qui contenait la formule textuellement.
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Au contraire, dans une victoire pour les pays pétrogaziers, l’un des documents publiés dimanche par la présidence azerbaïdjanaise juste avant une plénière finale réaffirme que « les combustibles de transition peuvent jouer un rôle pour faciliter la transition énergétique tout en assurant la sécurité énergétique ». Une allusion directe au gaz naturel fossile.
Les Européens, qui espéraient plus d’ambition sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre, ne retrouveront pas non plus dans le texte la création du dispositif d’un suivi annuel des efforts de transition hors des fossiles (charbon, pétrole, gaz) qu’ils espéraient.
« Le groupe arabe n’acceptera aucun texte qui cible des secteurs spécifiques, y compris les combustibles fossiles », avait déclaré cette semaine Albara Tawfiq, responsable saoudien qui s’exprimait au nom du groupe arabe à l’ONU Climat. « Il y a eu un effort extraordinaire des Saoudiens pour qu’on n’obtienne rien », s’est étranglé cette semaine un négociateur européen.