Après de difficiles tractations, la droite, le centre et les sociaux-démocrates ont trouvé un accord mercredi 20 novembre, au soir, au Parlement européen à Bruxelles, afin d’approuver la nouvelle équipe de la Commission, a annoncé l’eurodéputée française et présidente de Renew, Valérie Hayer, sur X. Les eurodéputés se prononceront lors d’un vote le 27 novembre en session plénière à Strasbourg, pour une entrée en fonction, le 1er décembre, du nouvel exécutif européen, présidé par Ursula von der Leyen.
Les chefs du Parti populaire européen (PPE, droite), de Renew (centre) et du groupe social-démocrate (gauche) soutiennent l’ensemble des commissaires européens proposés, y compris l’Italien Raffaele Fitto, membre du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, choisi pour une vice-présidence à la cohésion des territoires, selon l’accord conclu mercredi et partagé par Mme Hayer.
Les sociaux-démocrates se sont divisés jusqu’au bout sur le cas de M. Fitto : les socialistes français ont plaidé en vain pour ne pas sceller d’accord avec les autres groupes si l’Italien conservait son titre de vice-président. Il pourrait donc y avoir des défections lors du scrutin. La présence « d’un vice-président exécutif d’extrême droite m’amènera à voter la semaine prochaine contre la proposition de Commission dans son ensemble », a prévenu l’élu socialiste français Christophe Clergeau.
Trois futurs commissaires suscitaient blocage
Les négociations ont été tendues, mais des eurodéputés soulignaient la volonté d’avancer afin d’éviter un flottement à Bruxelles, au moment où l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis appelle une voix européenne forte.
Dans leur accord, les trois groupes affirment leur volonté de « travailler ensemble » et de défendre les « valeurs » européennes. La gauche et le centre réclamaient un engagement du PPE, après lui avoir reproché à plusieurs reprises de mêler ses voix à l’extrême droite depuis le début de la législature, par exemple jeudi pour assouplir une loi contre la déforestation.
L’accord de « coalition » de mercredi marque le « retour » d’une « majorité pro-européenne pour ce mandat », a fait valoir le groupe Renew.
Le Parlement avait achevé depuis le 12 novembre les auditions des futurs commissaires, mais les eurodéputés tardaient à évaluer les prestations des têtes d’affiche de la nouvelle équipe d’Ursula von der Leyen. Trois noms suscitaient un blocage : l’Italien M. Fitto donc, l’Espagnole Teresa Ribera (transition écologique et concurrence), tous deux vice-présidents potentiels de la future Commission, et le Hongrois Oliver Varhelyi, commissaire européen à la santé et au bien-être animal.
Selon l’accord trouvé, ce dernier pourrait d’ailleurs voir son portefeuille en partie amputé. Les questions de santé reproductive et sexuelle seraient retirées de ses attributions. L’audition de ce proche du premier ministre hongrois nationaliste, Viktor Orban, avait donné lieu à des critiques sur son peu d’empressement à répondre aux questions sur l’accès des femmes à l’avortement ou sur les droits LGBT +.
« Rupture historique et dramatique »
De son côté, la droite critiquait la socialiste Mme Ribera, actuelle ministre de Pedro Sanchez, l’accusant d’avoir mal géré les inondations meurtrières qui ont frappé son pays. Le PPE a attendu les explications de Mme Ribera devant le Parlement espagnol mercredi, avant d’adouber la nouvelle Commission. La droite avait aussi conditionné l’approbation de Mme Ribera, à celle de MM. Fitto et Varhelyi par les autres groupes.
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En 2019, trois commissaires européens avaient été récusés par les eurodéputés. Cette fois, l’ensemble de l’équipe devrait être confirmé dans une semaine à Strasbourg, dont le Français Stéphane Séjourné, vice-président chargé de la stratégie industrielle.
Ce processus laisse un goût amer à certains parlementaires, qui estiment que les tractations politiques ont neutralisé l’exercice des auditions. Chez les écologistes, la Française Marie Toussaint a fustigé les « petits arrangements » en groupes. L’accord scellé mercredi soir marque une « rupture historique et dramatique », estime-t-elle, en raison de l’arrivée d’un représentant de l’extrême droite comme vice-président de la Commission, une première.