C’est d’abord le souvenir d’une peur bleue. « On allait au travail l’estomac noué… On entendait tellement de choses aux infos… Et, au départ, on était sans masque et sans blouse ! », se remémore, cinq ans après le début de la crise liée au Covid-19, Ana Fernandes, 57 ans, aide à domicile en Loir-et-Cher. « On a vraiment travaillé dans l’angoisse… L’angoisse, répète-t-elle à plusieurs reprises. D’attraper le Covid-19 mais aussi de l’amener chez les personnes fragiles dont on s’occupait. Mais il fallait y aller, on avait besoin de nous. » Comme toutes ses collègues intervenant auprès de personnes en perte d’autonomie, elle n’a jamais arrêté de travailler pendant la crise sanitaire, malgré les confinements.
Comme les salariés de la grande distribution. Lucia – les personnes présentées uniquement par leur prénom n’ont pas souhaité donner leur nom de famille –, 30 ans, se souvient de l’intensification du travail dans son supermarché du Val-de-Marne. « Les clients dévalisaient le magasin ! Normalement, on dispose les denrées dans les étals une seule fois le matin, pour toute la journée. Mais il fallait le refaire en début d’après-midi, car il n’y avait plus rien !, se rappelle-t-elle. Tout le monde a fait des heures sup, on a fait le max qu’on pouvait ! » Les premiers jours, sans masque ni Plexiglas pour protéger les caissières : « On avait quand même un peu peur, souligne-t-elle, mais les clients nous remerciaient beaucoup d’être là, ils étaient très reconnaissants ».
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