Né Christian René Marcel Gillet de Chalonge en 1937 à Douai (Nord), le cinéaste Christian de Chalonge est mort le 6 décembre à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), a annoncé au Monde son épouse, Dominique Garnier, qui avait signé avec lui plusieurs scénarios, dont Docteur Petiot (1990) et Le Bel Eté 1914 (1996). Il avait 88 ans.
Ex-sorbonnard, diplômé de l’Idhec, assistant de René Clair, Georges Franju, Alain Jessua, Serge Bourguignon, Henri Verneuil, le scrupuleux Christian de Chalonge considérait devoir beaucoup au cinéaste britannique Tony Richardson (1928-1991), l’un des animateurs du Free Cinéma, proche des réalités sociales. Richardson l’avait engagé sur les tournages de Mademoiselle (1966) et du Marin de Gibraltar (1967), puis parrainé auprès des Artistes Associés, lui permettant de réaliser son premier long-métrage, sans vedettes : O Salto (1967).
Signataire d’un texte de soutien à Henri Langlois lorsque ce dernier, en 1968, fut débarqué de la Cinémathèque française par le ministre de la culture André Malraux, et étant de ceux qui menaçaient de retirer leurs films de cette institution, Christian de Chalonge avait à cœur de « crever des abcès de la société » où il vivait. Ce fut le cas avec O Salto, film sur un menuisier portugais qui meurt de faim, passe clandestinement la frontière pour venir travailler en France, devient manœuvre, vit dans un bidonville et endure tous les maux réservés aux immigrés. « Je n’ignore pas que l’on ne peut pas faire la révolution avec le cinéma, encore moins avec ce film, déclarait le réalisateur dans La Revue du cinéma. Ma seule ambition est de troubler, d’inquiéter quelques spectateurs, de poser un problème. » Certains lui reprochèrent d’être « trop néo-réaliste ».
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