La restructuration financière d’Atos touche à sa fin. Le groupe d’informatique a annoncé, lundi 2 décembre, la conclusion de son augmentation de capital, dernier volet de la procédure de sauvegarde ouverte le 24 juillet.
Ses actionnaires, découragés par la chute de 90 % de l’action en un an, ne se sont pas précipités pour y participer : ils n’ont apporté que 68 millions d’euros sur les 233 millions visés par l’entreprise. La différence a été compensée par les créanciers, appelés à devenir les nouveaux propriétaires d’Atos.
Destinée à financer les besoins généraux du groupe, cette somme sera presque entièrement engloutie par les honoraires payés aux dizaines de conseils (avocats, banquiers, experts indépendants, consultants…) impliqués dans cette restructuration : selon la note d’opération publiée par Atos, ils s’élèvent à 168 millions d’euros pour l’année 2024, dont 138 millions restant à payer.
Restructuration financière
« Cette estimation inclut les frais des intermédiaires financiers, les frais juridiques et administratifs » pour « environ 130 millions d’euros », détaille le document. A cela s’ajoutent les « commissions diverses dues aux créanciers », banques et détenteurs d’obligations, « ayant participé à la négociation des termes de la restructuration financière » : ils toucheront 38 millions d’euros, répartis entre près de 23 millions de commissions « pour les diligences entreprises » et 15 millions pour avoir accepté de participer à l’accord.
Ces dépenses viennent en plus des 553 millions d’euros de frais payés par le groupe en deux ans et demi pour mettre en œuvre un plan de séparation juridique de ses activités qui n’a finalement jamais abouti.
Interrogé par Le Monde, Atos ne fait pas de commentaire sur le montant des dépenses liées à la restructuration financière, mais rappelle que « ces pratiques sont en ligne avec les standards du marché ». « Le montant n’est pas choquant et ressort dans la moyenne au regard des 2,8 milliards d’euros de dette supprimée ou convertie en actions et de l’apport d’argent frais de 1,6 milliard, le plus important jamais réalisé en France dans ce type d’opération », défend un des nombreux avocats impliqués dans le dossier Atos.
« Standards américains »
La somme payée par le groupe d’informatique confirme l’inflation récente des frais de restructuration financière. Dans les cas de Casino et d’Orpea, les deux autres grandes opérations de ces deux dernières années, les dépenses se chiffraient aussi en centaines de millions d’euros (132 millions pour la première, 118 millions pour la seconde), alors qu’en 2021 la restructuration financière de Vallourec n’avait coûté que 67 millions d’euros. Avec ses 24 milliards d’euros de dette en cours de renégociation, Altice France pourrait exploser les records.
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