Le dérèglement climatique est en train de bouleverser notre agriculture.
Une famille française s’est donc lancée dans une expérience : faire pousser de la canne à sucre… en Corse.
Les résultats sont déjà impressionnants, comme l’a constaté sur place le JT de TF1.
Suivez la couverture complète
Initiatives environnementales
Ils ont planté un petit hectare expérimental, mais les résultats sont déjà très impressionnants. Dans une plantation de canne à sucre située en Corse, Antoine Lavergne-Vincentelli, du domaine de Padulone Aléria (Corse-du-Sud), a appris les gestes directement sur le terrain. « On coupe comme ça. Voilà, ça nous fait une jolie canne. Ensuite, on va couper cette partie-là, parce que c’est la partie végétale, en gros, c’est la partie où il y a le moins de sucre », montre-t-il dans le reportage du JT de TF1 visible en tête de cet article. Et d’ajouter : « C’est fou de se dire qu’on est le seul territoire où la canne à sucre est viable en France métropolitaine. »
Alternative à la vigne que cultivent ses parents et qui devient de plus en plus difficile, la canne à sucre (nouvelle fenêtre) est un pari stratégique pour l’avenir. « Le réchauffement climatique, on a beau dire, il arrive beaucoup plus vite qu’on ne le pense. Et la canne à sucre, c’est quand même un bon moyen de s’adapter avant qu’il ne soit là. C’était qu’une expérience, maintenant ça devient peut-être un projet de vie », reprend Antoine Lavergne-Vincentelli.
La famille produit le premier rhum de France métropolitaine
Christophe Poser, lui, est agronome. Il est le spécialiste français de cette plante. « On compte le nombre de tiges par souche. C’est une des composantes du rendement qui nous permettent de valider le modèle », s’affaire-t-il au pied de plants de cannes à sucre. Aujourd’hui, il vient vérifier l’évolution de la plantation. « C’est la troisième année. Les résultats sont plutôt encourageants et même bluffants pour certaines variétés. Mais il y a une très forte différence entre variétés. Et c’est là que ça intéresse tout à fait le chercheur que je suis. Ça ne va pas sauver l’agriculture corse, mais ça va contribuer par l’apport des jus, mais pour la fibre aussi, qui peut servir d’isolant ou pour autre chose demain », poursuit le spécialiste.
Direction ensuite le moulin pour presser les cannes. « Impossible de trouver ce genre de matériel ici, puisqu’il n’y a pas de culture de canne à sucre. Il n’y a aucun industriel qui fait du matériel de ce type ici, ni même dans le reste de l’Europe », explique Jeanne-Marie Lavergne-Vincentelli. Alors, les exploitants sont obligés d’acheter leur machine à l’étranger ou de trouver de la récupération. « Ici, on a mis le système D, bien sûr, toujours. On a mis une pompe avec un flotteur, tout simplement », présente Antoine.« Quand ça sort comme ça, c’est un goût… Il faut s’imaginer boire du jus d’herbe. C’est très spécial, ça, je ne vais pas vous mentir. Mais c’est aussi sucré que le jus de raisin », poursuit-il.
La distillation, c’est l’affaire du père d’Antoine. Il passe des heures entières à surveiller la boisson si différente du vin qu’ils produisent habituellement. « On fait un jus d’herbe qu’on fait fermenter. Donc, d’un point de vue aromatique, c’est très, très perturbant. Ça n’a absolument rien à voir avec ce qu’on faisait avant. Au début, il faut travailler avec les bases et beaucoup de rigueur. Et puis, au fur et à mesure, on s’adapte », développe Christophe Lavergne-Vincentelli.
S’adapter, c’est ce qu’a su faire cette famille d’agriculteurs face à la hausse des températures. Ils produisent même le tout premier rhum fabriqué en France métropolitaine. Un marché de niches qui se déguste en pensant à l’avenir. Et toujours avec modération.