De sévères réquisitions pour Marine Le Pen. Accusée par le parquet de Paris d’être au « centre » d’un « système organisé » visant à faire du Parlement européen la « vache à lait » du RN, l’accusation a requis notamment une peine d’inéligibilité de 5 ans, à exécution provisoire. Si la peine est effectivement confirmée, elle s’appliquerait immédiatement, même en cas d’appel. Une catastrophe à 3 ans de la présidentielle de 2027 pour le mouvement.
La possibilité d’un bracelet électronique
Mais la présidente des députés RN risque gros aussi sur d’autres plans. Le parquet du tribunal de Paris a ainsi requis 5 ans de prison, dont deux ans ferme. Comme pour beaucoup de peines de cette durée, la cheffe du parti d’extrême droite n’irait pas en prison mais serait placée sous bracelet électronique.
Des conditions très strictes seraient alors requises comme le prévoit la loi: interdiction de quitter le territoire français, remise des papiers d’identité et obligation de pointer au commissariat une fois par semaine. Cette surveillance électronique est assortie d’une assignation à résidence plus ou moins stricte.
Autant dire une très mauvaise nouvelle pour Marine Le Pen, habituée à multiplier les aller-retours entre sa circonscription du Pas-de-Calais et son domicile des Yvelines, sans même évoquer l’impossibilité de multiplier les déplacements dans tout l’Hexagone.
300.000 euros d’amende à régler
Autre réquisition des procureurs: une peine de 300.000 euros d’amende pour Marine Le Pen. Une somme relativement importante pour l’ex candidate à la tête d’un patrimoine d’1,2 million d’euros d’après sa déclaration publiée par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique en 2022.
Pour justifier de sa sévérité, l’accusation a évoqué « l’enrichissement partisan » qui a permis au Rassemblement national de « financer sa croissance, son influence, sa propagande pendant des années ».
« On a vu une véritable machine de guerre pour détourner systématiquement le montant des enveloppes, et ce, jusqu’à la dernière miette », a encore insisté la procureure Louise Neyton.
Des voies de recours qui prendraient des années
Si le tribunal suit les réquisitions du parquet, Marine Le Pen devrait faire sans grand doute appel de la décision des magistrats. Les voies de recours sont nombreuses, du simple appel à la Cour de cassation, prenant plusieurs années.
Tant qu’une condamnation n’est pas définitive, les sanctions judiciaires ne sont en effet pas exécutées. Autant dire que l’application de la peine de prison ferme à l’encontre de Marine Le Pen, tout comme son amende, n’ont guère de chance d’arriver avant 2027.
Mais confrontée à la menace d’une peine d’inéligibilité de 5 ans avec exécution provisoire qui permet que l’inéligibilité soit immédiate et non suspendue par un recours en appel, Marine Le Pen joue sa survie politique. Une telle sanction rendrait en effet impossible sa candidature pour la prochaine présidentielle.
De quoi pousser tout le mouvement à dénoncer « un acharnement » contre Marine Le Pen. Le parti a lancé une pétition en ligne « pour défendre la démocratie ».
Article original publié sur BFMTV.com