- Deux personnes ont perdu la vie dans une fusillade qui a éclaté vendredi soir dans le quartier prioritaire des Moulins, tandis que cinq autres ont été blessées.
- Les coups de feu « semblent d’évidence en lien avec le trafic de stupéfiants », mais « plusieurs des victimes apparaissent sans lien avec celui-ci », selon le procureur.
- TF1info fait le point sur le drame.
Le quartier prioritaire des Moulins, à Nice, de nouveau touché par la violence. Une fusillade à proximité d’un point de vente de drogues a fait deux morts et cinq blessés (nouvelle fenêtre) vendredi 3 octobre au soir, déclenchant la mobilisation de renforts de CRS. Une enquête a été ouverte pour faire toute la lumière sur ce nouveau drame dans ce quartier enclavé et régulièrement frappé par des violences pour le contrôle de points de deal.
Que s’est-il passé ?
Des tirs ont été signalés vers 21h10 vendredi soir dans le quartier des Moulins. La fusillade a éclaté au niveau de la place des Amaryllis, la place principale de ce quartier de 8.000 habitants (nouvelle fenêtre), situé dans l’ouest de Nice. Malgré l’intervention rapide des secours, deux personnes sont décédées sur place, a précisé ce samedi dans un communiqué le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli.
Selon les premiers éléments de l’enquête, « un véhicule Peugeot 3008 occupé par plusieurs personnes »
est arrivé sur les lieux, avant que « un ou plusieurs occupants »
ne se mettent à ouvrir le feu sur « les personnes présentes à proximité du point de vente de produits stupéfiants »
, précise-t-il.
Au total, 30 douilles ont été retrouvées sur place, dont 25 de calibre 7-62 mm, correspondant au fusil d’assaut Kalachnikov, et cinq de calibre 9 mm, d’après le tribunal judiciaire. Il est donc certain qu’une ou plusieurs Kalachnikovs ont été utilisées, mais les enquêteurs ignorent si « les douilles de 9 mm provenaient d’une arme dont ils disposaient également ou d’un tir de riposte »
. Selon une source proche de l’enquête à TF1-LCI, trois individus cagoulés ont fait usage d’au moins un fusil d’assaut et d’une arme de poing, avant de prendre la fuite en voiture.
Plus tard dans la soirée, peu avant minuit, un véhicule « pouvant correspondre à celui utilisé était découvert calciné sur la commune de Mougins »
, à une trentaine de kilomètres de Nice, ajoute le procureur. Il avait été volé à Marseille quelques jours plus tôt, le 30 septembre, et était « faussement plaqué »
.
Qui sont les victimes ?
L’une des deux victimes décédées était née en 1966 et l’autre en 2005, d’après Damien Martinelli. Par ailleurs, cinq autres personnes ont été blessées, la plus âgée étant née en 1980 et la plus jeune en 2011 seulement. Aucun n’a un pronostic vital engagé pour l’heure. Quatre d’entre elles ont été prises en charge sur place, et une autre s’est présentée directement à l’hôpital, détaille le procureur.
« Si ces faits semblent d’évidence en lien avec le trafic de stupéfiants, plusieurs des victimes apparaissent sans lien avec celui-ci, les tirs ayant pu viser indistinctement les personnes présentes »
, ajoute-t-il, sans préciser s’il s’agit des victimes décédées ou blessées. Selon une source proche de l’enquête, la piste d’une fusillade à l’aveugle est étudiée de près par les enquêteurs, et certaines victimes pourraient en effet être collatérales.
Où en est l’enquête ?
Une enquête de flagrance des chefs d’« homicides en bande organisée »
, « tentatives d’homicide en bande organisée »
et « association de malfaiteurs »
a été ouverte. Elle a été confiée notamment au Service Interdépartemental de la Police Judiciaire (SIPJ) et à la Direction interdépartementale de la police nationale (DIPN) des Alpes-Maritimes.
« De très nombreuses investigations sont en cours »
, assure le procureur, qui souligne la « très forte mobilisation de ces services »
. Le parquet de Nice est en contact sur cette affaire avec le parquet de la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille.
Comment ont réagi les autorités ?
Peu après le drame, le ministre démissionnaire de l’Intérieur Bruno Retailleau a décidé de mobiliser des renforts de forces de l’ordre : 60 agents de la CRS 81 sont déployés « dans le quartier depuis la nuit dernière »
, et y resteront « le temps nécessaire »
, a indiqué la préfecture ce samedi. Au total, « le dispositif de sécurisation est donc de plus de 100 agents »
, y compris issus de la BAC, a-t-elle précisé. Par ailleurs, une cellule d’urgence médico-psychologique a été ouverte au centre social des Moulins.
La préfecture se défend également de toute inaction dans ce quartier touché par des actes de violence fréquents. « Il y a une action résolue dans ce quartier, déjà depuis des semaines, pour lutter
contre le trafic de stupéfiants
(nouvelle fenêtre). Ces derniers jours, nous avons fermé trois points de deal »,
a insisté vendredi soir au micro de TF1-LCI le préfet Laurent Hottiaux, dénonçant au passage un « acte ignoble »
. « L’État est très présent, très actif »
, a-t-il appuyé, tout en mettant en avant le chiffre de « 300 incarcérations »
liées au trafic de drogue depuis le début de l’année aux Moulins et à L’Ariane, autre grand quartier prioritaire de Nice.
Il a aussi évoqué « des actions menées pour la rénovation urbaine »
. Dans son communiqué publié ce samedi, la préfecture note que deux millions d’euros sont consacrés par an aux Moulins au travers de dispositifs d’accompagnement éducatif ou d’accès aux droits et services publics. En outre, 75 millions d’euros ont été investis au titre du nouveau programme national de renouvellement urbain, destiné notamment à la construction de nouveaux logements.
De son côté, le maire de Nice Christian Estrosi (Horizons) a lancé vendredi soir un « cri de colère, une fois de plus »
, face à « règlement de compte »
dont l’origine est « de toute évidence le narcobanditisme »
. Il a rappelé que sept membres d’une famille comorienne avaient perdu la vie en juillet 2024 (nouvelle fenêtre) dans le même quartier, après un incendie criminel dans leur immeuble dans le cadre d’un différend lié à un trafic de drogue (nouvelle fenêtre).
« Depuis, nous n’avons cessé d’avoir régulièrement des règlements de compte, même s’il n’était pas de la même ampleur »
, a-t-il déploré, estimant « totalement intolérable que la police nationale, voire l’armée (…) n’occupe pas le terrain en permanence »
. « J’exige de l’État français de protéger les citoyens de Nice, de ce quartier, comme d’autres »
, a-t-il encore tonné.











