- La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a fait son apparition en France au mois de juin dernier.
- Depuis, elle décime des troupeaux et oblige le gouvernement à prendre des mesures pour lutter contre sa propagation.
- Voici ce que l’on sait sur cette maladie, qui créé aujourd’hui des tensions entre agriculteurs et gouvernement.
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Dermatose nodulaire : les agriculteurs mobilisés
La maladie est récente mais elle fait déjà des dégâts dans les troupeaux et créé des tensions entre les agriculteurs et le gouvernement. La dermatose nodulaire contagieuse (DNC), maladie touchant les bovins, est apparue en France en juin dernier. Au 11 décembre, 110 foyers ont été détectés en France, en Savoie, Haute-Savoie, Ain, Rhône, Jura, Pyrénées-Orientales, Doubs, Ariège, Hautes-Pyrénées, dans 75 élevages selon le ministère de l’Agriculture. Un peu plus de 3.000 bovins ont été euthanasiés (sur un cheptel total de quelque 15 millions de bêtes). C’est la volonté du gouvernement d’abattre ces bovins de façon préventive et d’étendre les zones de vaccination obligatoire qui suscite aujourd’hui la colère des éleveurs.
Qu’est-ce que la dermatose nodulaire contagieuse ?
La DNC est une maladie virale qui conduit à « des pertes de production importantes »
pouvant aller « jusqu’à la mort d’une partie du cheptel infecté »
(environ 10%), selon le ministère. Elle provoque notamment fièvre, chute de lactation, hypertrophie des ganglions lymphatiques et nodules sur la peau et les muqueuses des animaux. La DNC n’est « pas transmissible à l’homme »
et il n’y a « aucun risque pour la santé humaine lié à la consommation de produits issus de ces animaux »
, précise le ministère.
Maladie émergente transmise par piqûres d’insectes (mouche piquante ou taon), elle est présente en Afrique subsaharienne, en Asie, et depuis 2023 en Afrique du Nord. En Europe, elle avait été repérée le 22 juin en Sardaigne, après avoir sévi auparavant dans les Balkans à la fin des années 2010, notamment en Grèce.
Comment lutter contre la maladie ?
La France a adopté en juillet une stratégie qui prévoit plusieurs solutions. La première est le « dépeuplement total des bovins des foyers infectés »
pour éteindre les sources du virus, « en conformité avec les obligations européennes »
, ce qui peut conduire à abattre tout un lot d’animaux sur un site.
Elle a instauré aussi la mise en place de « zones réglementées »
dans un rayon de 50 km autour des foyers, incluant des limitations de mouvements du bétail. Dans ces zones, la vaccination est obligatoire, pour tous les bovins quel que soit leur âge, et prise en charge par l’État. À ce jour, un million de bêtes ont été vaccinées, selon la ministre Annie Genevard. Ces zones réglementées basculent en « zones vaccinales »
si au moins 75% du cheptel bovin y est vacciné depuis plus de 28 jours et si le dernier foyer a été dépeuplé depuis au moins 45 jours.
Enfin, la reprise de l’exportation de bovins vivants n’est possible qu’avec l’accord du pays de destination. À l’heure actuelle, en Europe, deux pays ont marqué leur accord pour recevoir, sous conditions, des bovins depuis une zone vaccinale : l’Italie – premier acheteur de jeunes veaux français – et la Suisse.
De quel soutien bénéficient les éleveurs ?
L’État indemnise « les propriétaires d’animaux euthanasiés »
et prend en charge « les opérations de nettoyage et désinfection »
ainsi que « l’élimination des cadavres des animaux abattus »
, selon un arrêté de juillet.
Vendredi, la ministre a assuré que « pas un centime d’euro ne sera perdu pour les éleveurs »
. Cette stratégie a été validée par l’alliance FNSEA-Jeunes agriculteurs, première force syndicale agricole. La FNSEA redoute une vaccination généralisée du fait d’un « risque d’effondrement des exportations et des prix »
, a expliqué son président, Arnaud Rousseau. « On sera peut-être obligés de le faire si la maladie est incontrôlable. Mais vacciner 15 millions d’animaux, c’est entre 30 et 40 semaines »
avant d’avoir une couverture nationale et espérer « retrouver le statut indemne »
, a-t-il souligné.
Cette épizootie est un coup dur pour l’élevage en France, après une année 2024 marquée par la recrudescence de la maladie hémorragique épizootique (MHE) et de la fièvre catarrhale ovine (FCO). Le pays compte le premier cheptel bovin de l’UE mais celui-ci a décliné plus vite que les ovins et les caprins ces dernières années face au manque de bras et de revenus.














