Dans le comté de Mayo, dans le nord-ouest de l’Irlande, en cette année 1880, un homme du nom de Charles Cunningham Boycott vit une situation pour le moins inédite. Domestiques envolés, approvisionnements coupés, courrier bloqué… Il ne s’agit pas d’une simple querelle de voisinage. Non, Boycott est victime d’un ostracisme total, une exclusion aussi méthodique qu’implacable, initiée par les paysans locaux sous la houlette de la Ligue agraire. Cet épisode marquera à jamais l’histoire et le dictionnaire. Pourquoi son nom est-il devenu un terme universel ?
Né en 1832 dans le Norfolk, en Angleterre, Charles Boycott, dont le patronyme était originellement Boycatt, ne semblait pas destiné à devenir un symbole de rébellion sociale. Après un bref passage à l’Académie militaire royale, il rejoint l’armée britannique, avant de troquer l’uniforme pour la gestion agricole. En 1849, il s’installe en Irlande, terre marquée par les cicatrices de la Grande Famine.
Charles Boycott (1832-1897), agent foncier britannique dont l’ostracisme a donné naissance au mot « boycott ». © www.alamy.com / Alamy Stock Photo / Abaca
Charles Cunningham Boycott et le « droit divin » des propriétaires terriens
D’abord propriétaire sur la petite île d’Achill, Charles Cunningham Boycott s’établit sur le continent en devenant l’agent de John Crichton, comte d’Erne. Sa mission : collecter les loyers des paysans sur plus de 15 000 hectares. Le personnage, décrit comme inflexible et autoritaire, appli […] Lire la suite