« Un jour, peut-être, le siècle sera deleuzien », écrivait Michel Foucault en 1970. Cent ans après la naissance de Gilles Deleuze (1925-1995), cette citation s’avère-t-elle juste ? Grand penseur de gauche après 1968, il incarne la pensée la plus novatrice de son époque : une philosophie toujours en mouvement. A l’université expérimentale de Vincennes (aujourd’hui université Paris-VIII-Vincennes-Saint-Denis) où il enseignait entre 1979 et 1987, ses cours étaient bondés d’un public très large, et son bureau couvert de magnétophones − près de quatre cents heures de ses cours ont été enregistrés. L’Abécédaire, entretien filmé dans les années 1980, l’a définitivement rendu célèbre. De la société de contrôle au devenir du capitalisme, les concepts de son invention (« rhizome », « pli », « ritournelle », « nomadisme » ou encore « déterritorialisation ») constituent une boîte à outils pour comprendre les enjeux du monde actuel.
En 2025, quels usages pouvons-nous faire de la pensée de Deleuze ? C’est la question que pose le philosophe Camille Chamois dans un ouvrage collectif intitulé Deleuze aujourd’hui (PUF, 156 pages, 12 euros) qu’il coordonne avec Thomas Detcheverry. Rattaché à l’Université libre de Bruxelles et au laboratoire Sophiapol de l’université de Nanterre, Camille Chamois est spécialiste de l’histoire de la philosophie contemporaine française. En 2022, il a publié Un autre monde possible. Gilles Deleuze face aux perspectivismes contemporains aux Presses universitaires de Rennes.
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