Le ministre de l’économie, Eric Lombard, a annoncé, samedi 28 décembre, vouloir inviter tous les partis à dialoguer à Bercy dans les prochains jours, espérant que « des compromis » seront trouvés pour favoriser l’adoption d’un budget.
« A la demande du premier ministre [François Bayrou], je vais appeler les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale et au Sénat, ainsi que les groupes parlementaires, à venir dialoguer au ministère avec Amélie de Montchalin, la ministre chargée des comptes publics, et moi-même », assure le ministre dans une interview à La Tribune dimanche.
Eric Lombard va contacter tout le monde « à partir de [dimanche] matin », jugeant que « tous les élus sont légitimes » et semblant ainsi vouloir éviter les polémiques récentes, comme celle provoquée par son prédécesseur Antoine Armand qui avait, dès sa première interview fin septembre, indiqué exclure le Rassemblement national de l’arc républicain, à la grande irritation de Marine Le Pen.
Pas non plus de préséance affichée : « L’ordre de passage dépendra de leurs disponibilités, et la configuration sera celle qu’ils souhaitent », assure le ministre, dont la porte « restera ouverte jusqu’au 14 janvier, date du discours de politique générale » de François Bayrou, mais « également ensuite ». « Les résultats de ce dialogue » seront présentés au premier ministre « pour qu’il se traduise en propositions du gouvernement ».
Celui qui était jusqu’à lundi directeur général de la Caisse des dépôts, premier pôle financier public, rappelle avoir été, « à ce titre, en contact permanent avec les élus, locaux ou nationaux ». « Je dialoguerai avec tout le monde et j’aurai le même discours avec tous. Certains seront peut-être plus engagés, d’autres plus réticents. Nous verrons bien ». « Il faut trouver des compromis, c’est indispensable », a-t-il ajouté.
Ramener le déficit public un peu au-dessus de 5 % du PIB
Le ministre estime que d’éventuelles hausses d’impôt devront être « très limitées », et qu’il faudra « des économies supplémentaires ». Le déficit budgétaire serait inscrit dans le texte « un peu au-dessus de 5 % » du produit intérieur brut (PIB) du pays, « de façon à protéger la croissance ».
Avant de faire des concessions aux oppositions qui ne lui ont pas évité la censure, Michel Barnier affichait l’intention de ramener le déficit public de 6,1 % du PIB cette année – ce qui vaut à la France une procédure pour déficit excessif à Bruxelles –, à 5 % l’an prochain.
M. Lombard a évacué au passage le risque d’une possible hausse du nombre de personnes assujetties à l’impôt sur le revenu l’an prochain, si la loi spéciale qui permettra en début d’année le strict fonctionnement de l’Etat devait perdurer – elle ne permet pas de pratiquer la traditionnelle indexation du barème de cet impôt sur l’inflation. « Nous aurons un budget qui comportera une indexation du barème, a coupé court aux interrogations M. Lombard. Les Français qui ne paient pas d’impôts sur le revenu aujourd’hui n’en paieront pas demain. »
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Le ministre « émet une condition » par ailleurs à un futur aménagement de la loi sur les retraites : les discussions « ne doivent pas alourdir le déficit de l’assurance vieillesse ». Il y a « du grain à moudre à l’intérieur de cette contrainte », selon lui. M. Lombard espère que « la construction d’un budget crédible sera une réponse à l’inquiétude [des] marchés » sur les finances publiques françaises.
Il juge enfin « très sérieuse » la menace de barrières douanières agitée par le président élu américain, Donald Trump. « Il faut se préparer à une réponse très vigoureuse », mais « l’Union européenne dispose des armes nécessaires », assure-t-il.