Face à un budget 2025 où l’Etat cherche plusieurs dizaines de milliards d’euros d’économies, le service national universel (SNU), déjà largement rejeté par les syndicats enseignants et les associations agréées jeunesse et de parents d’élèves, compte de moins en moins de défenseurs. Ce dispositif, voulu par Emmanuel Macron, a été créé en 2019 et le chef de l’Etat n’a eu de cesse de promettre, depuis, sa généralisation à l’ensemble des jeunes de 15 à 17 ans d’ici à 2026. Si cet objectif était toujours défendu par l’ancienne majorité présidentielle lors des élections législatives anticipées de 2024, de nombreux parlementaires exhortent désormais à l’abandon du SNU, critiqué jusqu’au sein du gouvernement.
Les commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat ont ainsi toutes deux adopté, mercredi 31 octobre, des amendements pour le supprimer du projet de loi de finances (PLF) 2025.
Au Palais-Bourbon, les élus du Nouveau Front populaire, présents en nombre dans les rangs clairsemés de la commission des finances, ont fait adopter l’un des amendements déposés par les groupes composant l’alliance de gauche pour annuler les 128 millions d’euros de crédits prévus pour le SNU en 2025. Le socialiste Pierrick Courbon (Loire) a dénoncé une « hérésie budgétaire » tandis que l’écologiste Jean-Claude Raux (Loire-Atlantique) vilipendait un « gadget présidentiel » qui « ne marche pas » et « coûte cher ».
Au Sénat, le rapporteur socialiste des crédits du programme « Jeunesse », Eric Jeansannetas, a également déposé un amendement visant à supprimer le dispositif, adopté selon lui à l’unanimité moins deux abstentions. « Après cinq ans d’expérimentation, il n’apparaît (…) pas que le service national universel apporte une plus-value suffisante en comparaison des autres politiques d’engagement de la jeunesse pour justifier la poursuite de son déploiement », a-t-il fait valoir dans son rapport, présenté à huis clos devant la commission et consulté par Le Monde. Le président de la commission culture, éducation et communication du Palais du Luxembourg, le centriste Laurent Lafon, avait déjà prévenu, le 24 octobre sur Public Sénat, qu’il proposerait lui aussi la suppression du SNU, l’estimant « dans une impasse ».
Interrogations sur le dispositif
Ces votes sont, à ce stade, symboliques. Les deux assemblées devront se prononcer sur les amendements en séance publique et, même dans le cas où elles les approuveraient, le gouvernement pourrait choisir de ne pas retenir ces modifications dans la version finale du texte en cas d’adoption du PLF par le biais de l’article 49.3 de la Constitution.
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