Des sénateurs entendent, mercredi 10 décembre, les deux responsables de l’enquête administrative sur la sécurité au Louvre, lancée après le vol du 19 octobre de joyaux de la Couronne. « A trente secondes près, les agents de [la société de sécurité privée] Securitas ou les policiers auraient pu empêcher la fuite des voleurs », a déclaré Noël Corbin, directeur de l’inspection générale des affaires culturelles (IGAC), devant la commission de la culture du Sénat.
L’autre rapporteur de l’enquête, Pascal Mignerey, de la mission sécurité, sûreté et d’audit (Missa) au ministère de la culture, a rappelé qu’une caméra extérieure avait « bien filmé l’arrivée des voleurs, l’installation de la nacelle, la montée des deux voleurs jusqu’au balcon et, quelques minutes plus tard, leur départ précipité ».
Mais ces images n’ont pas été regardées en direct et lorsqu’un agent de la sécurité les a activées, « il était alors trop tard puisque les voleurs avaient quitté la galerie d’Apollon » où étaient exposés des joyaux de la Couronne, selon M. Corbin.
En introduction des auditions, le président de la commission, le sénateur centriste Laurent Lafon a déclaré que les conclusions du rapport évoquaient « la défaillance générale du musée comme de sa tutelle dans la prise en compte des enjeux de sûreté » avant le casse.
Ce cambriolage « n’est pas un échec fortuit » et « n’est pas dû à l’accumulation d’un manque de chance, mais bien à des décisions qui n’ont pas été prises pour assurer la sécurité », alors que les failles « avaient toutes été identifiées par plusieurs travaux antérieurs aux résultats largement concordants ».
M. Corbin a, par ailleurs, souligné que les auteurs de l’enquête administrative avaient été « très surpris » par « le problème de transmission des audits de sûreté » au sein du musée, notamment lors du changement de sa présidence, en 2021, et l’arrivée de Laurence des Cars. Symbole de ce manque de « mémoire », un audit réalisé en 2019 par le joaillier Van Cleef and Arpels, qui avait identifié toutes les faiblesses de la galerie d’Apollon, n’avait ainsi pas été porté à la connaissance de la nouvelle direction.
Des mesures d’urgence
Ces auditions surviennent dans un contexte toujours sombre pour le Louvre, fragilisé par le vol de joyaux de la Couronne, contraint de fermer une galerie en raison d’avaries et confronté à un appel à la grève de ses agents à partir de lundi.
Au lendemain du casse, la ministre de la culture avait diligenté une enquête administrative pour faire la lumière sur les failles sécuritaires du musée le plus visité au monde. Sans attendre le document définitif, Rachida Dati avait révélé à la fin d’octobre les premières conclusions de cette enquête administrative qui relevait, selon elle, « une sous-estimation chronique » des risques depuis « plus de vingt ans » au Louvre et « un sous-équipement » en matière de sûreté.
La ministre de la culture avait alors annoncé plusieurs « mesures d’urgence », dont l’installation de dispositifs « anti-intrusion » sur le bâtiment et aux alentours. Lors d’un conseil d’administration d’urgence, le Louvre a approuvé ces mesures qui ont, faute de nouveaux recrutements, laissé les syndicats sur leur faim.
La semaine prochaine, la sécurité du musée parisien continuera d’occuper cette même commission du Sénat. Mardi, elle interrogera pour la première fois l’ancien président du Louvre, Jean-Luc Martinez, dont la parole est très attendue après la mise au jour d’audits sécuritaires alarmants réalisés sous son mandat (2013-2021). Mercredi, sa successeure, Laurence des Cars, sera à nouveau entendue par les sénateurs.










