L’ancien président bolivien Luis Arce a été arrêté mercredi à La Paz, dans le cadre d’une enquête portant sur une affaire de corruption présumée quand il était ministre de l’Economie dans le gouvernement d’Evo Morales (2006-2019).
L’ancien dirigeant de gauche, 62 ans, a quitté le pouvoir le 8 novembre, mettant fin à près de vingt ans de gouvernements socialistes initiés par Evo Morales. Ce dernier est aujourd’hui retranché dans son fief du Chapare, dans le centre du pays, en raison d’un mandat d’arrêt dans une affaire de traite de mineure qu’il conteste.
Des sources du parquet ont indiqué à l’AFP que Luis Arce devra répondre des délits présumés de « manquement aux devoirs » et de « conduite anti-économique ».
« Je veux féliciter les agents (…) de la division anticorruption (…) pour avoir procédé à l’arrestation, en application d’un mandat » émis par le parquet contre l’ancien président (2020-2025), a déclaré le vice-président du pays, Edmand Lara, dans une vidéo diffusée par des médias locaux.
Le ministre de l’Intérieur Marco Antonio Oviedo s’est pour sa part félicité en conférence de presse de l’arrestation du « principal responsable de ce préjudice économique colossal » dénoncé « il y a de nombreuses années », et estimé à plus de 51 millions de dollars.
Lorsque Luis Arce était ministre de l’Economie, il aurait autorisé des transferts de fonds publics vers des comptes personnels de dirigeants paysans, selon la plainte à l’origine du mandat d’arrêt.
Ces transferts irréguliers présumés auraient été commis au sein du Fonds public pour le développement des peuples indigènes originaires (Fondioc) au cours de la décennie passée.
L’une des bénéficiaires est l’ex-députée de gauche Lidia Patty, arrêtée la semaine dernière. Lors d’un interrogatoire, elle a affirmé que le transfert avait été avalisé par le ministre de l’Economie de l’époque. Elle aurait reçu près de 100.000 dollars pour un projet de culture de tomates.
– « Nous tenons parole » –
« Nous l’avions dit: Luis Arce sera le premier à aller en prison. Et nous tenons parole. Tous ceux qui ont volé cette patrie rendront jusqu’au dernier centime », ajoute Edmand Lara dans la vidéo.
Maria Nela Prada, ancienne ministre sous le gouvernement de Luis Arce, a été la première à signaler les conditions de l’arrestation de l’ancien chef d’Etat. « Il était seul. Ils l’ont fait monter dans un minibus aux vitres teintées », a-t-elle déclaré devant un commissariat où l’ancien président aurait été transféré.
Des photos publiées par la presse montrent Luis Arce lors de son transfert vers les bureaux de la Force spéciale de lutte contre le crime (FELCC), à La Paz, la capitale administrative.
« Aucun type de notification ne lui a été adressé », a assuré Maria Nela Prada.
Le procureur général de Bolivie, Roger Mariaca, a indiqué que M. Arce avait décidé de garder le silence lors de la procédure judiciaire de mercredi.
Placé « en détention provisoire dans l’attente de son inculpation formelle », a précisé le procureur, l’ancien président va passer sa première nuit dans un commissariat de police.
Puisque les faits reprochés se sont produits quand M. Arce était ministre, et non président, la procédure d’enquête ordinaire s’applique.
Dès sa première semaine au pouvoir, le président de centre droit Rodrigo Paz avait accusé la gauche d’avoir laissé derrière elle un Etat s’apparentant à un « cloaque », en raison des présumées mauvaises gestions des gouvernements socialistes précédents.
Dans le même temps, le gouvernement a lancé des audits dans les entreprises publiques. Cette semaine, le parquet a inculpé six anciens dirigeants de la compagnie pétrolière d’Etat YPFB pour corruption.
La Bolivie traverse sa pire crise économique en quarante ans, aggravée par une pénurie de dollars.
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