Le groupe allemand Bayer comparaît jeudi devant un tribunal d’Isère assigné par la famille Grataloup, dont le fils Théo, 17 ans, souffre de graves malformations qu’ils imputent à son exposition in utéro au glyphosate, le produit phare du géant de la chimie.
Les parents de l’adolescent poursuivent Bayer au civil pour faire reconnaître « le lien de causalité entre le glyphosate » et le handicap de Théo, explique la mère Sabine Grataloup à l’AFP.
L’audience débutera à 09H00 au tribunal de Vienne, où plusieurs associations, dont Générations Futures, qui lutte contre les dangers des pesticides, ont appelé à soutenir l’adolescent.
La famille réclamera une expertise judiciaire dans le cadre d’une « recherche en responsabilité pour faute », précise son avocat Me Bertrand Repolt qui, « in fine », compte réclamer des dommages et intérêts au groupe allemand.
Si des procès contre Bayer ont déjà eu lieu à l’initiative de personnes atteintes de cancer, il s’agit selon eux d’une « première judiciaire » pour un dossier de malformations congénitales.
En 2006, Sabine Grataloup a utilisé du glyphosate pour désherber une carrière d’équitation, l’aspergeant « plusieurs fois par jour, sans protection particulière ». Elle ignore alors qu’elle est enceinte de « quelques semaines », une période clé dans le développement foetal.
Théo naît en mai 2007 « avec l’œsophage et la trachée qui ne se sont pas séparés correctement ». Depuis, il a subi 55 opérations chirurgicales qui lui permettent de manger normalement mais il respire et parle toujours par un « trou dans la gorge », faute de cordes vocales.
En 2018, ses parents assignent la firme américaine Monsanto, tout juste rachetée par le groupe Bayer. C’est elle qui a fourni la molécule du glyphosate à la marque Glyper, le pesticide utilisé par Mme Grataloup.
« Monsanto fournissait le produit (…) qui a la même formulation que le Roundup », fabriqué par l’Américain, explique-t-elle. Selon elle, le Glyper n’est « rien d’autre qu’un produit de revente du Round up ».
– Indemnités –
Six ans plus tard, la justice va enfin les entendre. « C’est une étape décisive dans un processus qui a demandé des années de recherches, de formalisation et de procédures », déclare Sabine Grataloup, qui espère approcher de « la fin du marathon ».
Seul le Fonds d’indemnisation des victimes des pesticides a reconnu en 2022 le lien entre le glyphosate et les malformations de Théo, qui reçoit depuis depuis une indemnité de 1.000 euros mensuels.