vendredi, mai 3
Clément Beaune, alors ministre délégué aux transports, prononce un discours lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, à Paris, le 19 décembre 2023.

Ce vendredi 9 février, au ministère des transports, l’aventure ministérielle s’achève pour Clément Beaune, au bord des larmes. « Partir en ayant défendu ses convictions n’est jamais un échec, ni un déshonneur. Au contraire… », articule-t-il, la voix étranglée par l’émotion.

La passation de pouvoir avec Patrice Vergriete, qui était jusqu’ici ministre délégué au logement, se déroule en petit comité, à huis clos, sans caméras ni journalistes, afin de « conserver le symbole du gouvernement resserré », expliquera-t-on plus tard à l’Elysée. Le sortant connaît bien son successeur : il l’a lui-même nommé à la tête de l’Agence de financement des infrastructures de transport en janvier 2023. Il préfère, dit-il, que ce soit l’ancien maire de Dunkerque qui lui succède, « plutôt que quelqu’un qui ne connaît rien aux transports ».

Dans ce ministère ingrat où l’on inaugure les chantiers lancés par son prédécesseur et où l’on doit souvent laisser son successeur récolter les fruits de sa propre action, Clément Beaune se décrit comme un ministre « parfois remuant » durant ces dix-huit mois, mais « fier » du plan à 100 milliards d’euros pour le ferroviaire, du lancement des « RER métropolitains » « dès cette année », du « renouveau des trains de nuit ». Mais aussi du leasing social, du plan vélo et de la taxation des jets privés. La présidente Les Républicains de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, lui a envoyé un message amical. Plusieurs syndicats aussi.

Lire le décryptage : Article réservé à nos abonnés Sous pression, les ministres de l’aile gauche font taire leur malaise sur la loi « immigration »

« Ce qui m’aurait blessé, confie-t-il au Monde, c’est de devoir partir parce que j’aurais échoué dans mon activité de ministre. » Mais dans ce double quinquennat, la loyauté envers le chef de l’Etat compte davantage que le travail accompli. L’ancien conseiller du président de la République, Emmanuel Macron, est sanctionné pour avoir manifesté sa désapprobation lors du vote, avec les voix du Rassemblement national, de la loi immigration. Le 19 décembre 2023 en fin de journée, alors que le président de la République réunissait les cadres de la majorité à l’Elysée, Clément Beaune, très remonté contre le texte sorti du Sénat, conviait quelques ministres issus de l’aile gauche à dîner à l’hôtel de Roquelaure. Un crime de lèse-majesté. « Il sonnait l’olifant pour que les troupes de gauche se révoltent », s’indigne un proche du chef de l’Etat.

« Terrain de jeu » parisien

Rétrogradé au rang de simple député, Clément Beaune accepte la sentence. « La politique sans risques, ça n’existe pas », dit-il, et ces risques, il les connaissait, car « il n’y a pas de rente » dans le macronisme. Il dépeint un « lien extrêmement puissant » avec le chef de l’Etat, pour être « dans son équipe depuis dix ans ». Emmanuel Macron l’a d’ailleurs gratifié d’un appel téléphonique jeudi 8 février dans l’après-midi, quelques heures avant l’annonce du gouvernement au complet, pour lui dire qu’il n’en ferait pas partie. Tous les recalés n’ont pas eu cet honneur.

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