Deux spectacles aux antipodes l’un de l’autre occupent les salles de l’Odéon-Théâtre de l’Europe à Paris. L’un est muet (Le Voile de Pierrette, mis en scène par Marie-José Malis d’après un texte d’Arthur Schnitzler), l’autre bavard (The Work, conçu par Susanne Kennedy et Markus Selg). Le premier se passe de technologie et se tient dans l’intimité du Petit-Odéon, le second sollicite les outils de la modernité (vidéo, avatars, dispositif immersif) et convoque le public sur la vaste scène des Ateliers Berthier. Il existe, a priori, peu de rapports entre ces deux gestes sauf un même désir de s’aventurer au plus près de l’inconscient. Un périple passionnant qui n’est pas sans danger. A commencer par celui de perdre le spectateur en route. Ce qui est le cas aux Ateliers Berthier. Mais pas au Petit-Odéon.
Une pantomime silencieuse jouée dans les règles de l’art, une histoire d’amour contrariée, trois comédiens fardés de blanc, les yeux écarquillés de Pierrot, le cri muet de Pierrette, la mine satanique d’Arlequin : Le Voile de Pierrette arrive d’une préhistoire archaïque de la représentation où les pulsions n’auraient pas été mises au pas par une quelconque forme de surmoi. C’est au Petit-Odéon que Marie-José Malis dépose cette forme singulière dont l’anachronisme fait rupture.
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