Révélé grâce à son personnage de rappeur dans « Les Tuche », Pierre Lottin cartonne dans « En fanfare » aux côtés de Benjamin Lavernhe.
Depuis sa sortie, cette comédie sociale d’Emmanuel Courcoul a déjà séduit plus de 800.000 spectateurs et file vers le million.
Grâce à sa performance épatante, cet acteur au parcours atypique pourrait bien décrocher sa première nomination aux César.
Casquette à l’envers et chaînes en or, timbre nasillard et débit mitraillette… Pierre Lottin s’est longtemps dissimulé sous le déguisement de Wilfried Tuche, alias Tuche Daddy, l’apprenti-rappeur de famille la plus déjantée de la comédie française. Alors que le cinquième volet réalisé par Jean-Paul Rouve est attendu sur les écrans le 5 février prochain, l’acteur de 35 ans triomphe actuellement avec En fanfare, la comédie sociale d’Emmanuel Courcol.
Face à Benjamin Lavernhe dans le rôle de Thibault Desormeaux, un chef d’orchestre de renommée mondiale qui se voit diagnostiquer une leucémie foudroyante, Pierre Lottin incarne son frère caché Jimmy, un employé de cantine qui joue du trombone au sein d’une fanfare d’une petite commune de la France. Leur rencontre donne naissance à un feel good movie qui a déjà séduit plus de 800.000 spectateurs depuis le 27 novembre dernier.
De l’armée au Cours Florent
Si Benjamin Lavernhe a fait ses gammes en jouant les grands classiques au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, avant de rejoindre la Comédie française, son partenaire peut se targuer d’un parcours plus atypique. Fils d’un imprimeur d’Issy-les-Moulineaux, Pierre Lottin a quitté l’école à l’âge de 16 ans pour entrer dans l’armée avant qu’un stage au Cours Florent bouleverse ses plans.
Après trois ans d’études sur les bancs de la prestigieuse école parisienne, il reçoit en 2009 le prix Olga Horstig, du nom de la première agent artistique en France, récompensant chaque année les meilleurs élèves de la promo. Si la plupart de ses camarades vont alors se produire sur les planches, le lauréat lance sa chaîne YouTube et crée le personnage désopilant de Monsieur Bête , attirant l’attention de l’équipe des Tuche. On connaît la suite…
Idiot magnifique, Tuche Daddy est le genre de personnage qui catalogue vite un acteur. Pierre Lottin s’en affranchit une première fois en suivant Sarah Stern, sa frangine des Tuche, dans le polar Comme un homme de Safy Nebbou en 2012. Mais il faudra attendre sept ans de plus pour qu’il casse son image en incarnant Didier, l’une des victimes du père Preynat dans Grâce à Dieu, le film de François Ozon.
On le voit ensuite en chauffeur du vrai-faux Nicolas Sarkozy joué par Jean Dujardin dans Présidents, puis en vaillant soldat du feu dans Notre-Dame Brûle de Jean-Jacques Annaud. Mais c’est dans La Nuit du 12, le formidable polar de Dominik Moll, couronné aux César 2023 , qu’il tient son rôle le plus fort jusque-là, celui de Vincent Caron, une petite frappe soupçonnée d’être l’auteur du féminicide qui bouleverse une petite commune de Savoie.
2024 pourrait bien marquer un tournant dans sa carrière. Après avoir joué un concessionnaire auto-véreux dans De grâce, une minisérie policière diffusée sur Arte en février, sa performance dans En fanfare a fait l’unanimité dès de la présentation du film au Festival de Cannes. Après lui avoir donné un rôle de taulard-acteur dans Un triomphe, le réalisateur Emmanuel Courcol a écrit pour lui le personnage de Jimmy, graine d’artiste contrariée aussi drôle que touchante. Avec à la clé sa première nomination aux César dans quelques semaines ?
>> En fanfare d’Emmanuel Courcol. Avec Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco. 1h44. En salles.