lundi, mai 6

Le collectif féministe #NousToutes Lille a qualifié, lundi 12 février, d’« instrumentalisation » les propos tenus la veille par la ministre déléguée Aurore Bergé, qui a dit vouloir arrêter les subventions aux associations féministes ayant eu des « propos ambigus » concernant l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre, qui a déclenché la guerre.

« J’ai demandé à ce que toutes les associations [féministes] soutenues financièrement [par l’Etat] soient passées au crible. (…) S’il y a la moindre ambiguïté sur des propos qui auraient été tenus le 7 octobre, il ne serait pas normal que ces associations continuent à avoir des subventions de la part du gouvernement », a déclaré la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations sur Radio J., dimanche.

« Je refuse que l’Etat soutienne financièrement des associations qui ne sauraient pas caractériser ce qui s’est passé », a-t-elle ajouté, sur fond d’accusations d’un deux poids, deux mesures visant une partie du mouvement féministe à qui il a été reproché son « silence », concernant les accusations de violences sexuelles commises par des hommes du Hamas sur des Israéliennes le 7 octobre. La ministre a formulé cette demande à l’administration la semaine dernière et attend un retour « dans les jours qui viennent ».

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Après la marche du 25 novembre contre les violences faites aux femmes, le collectif national #NousToutes et d’autres associations féministes s’étaient défendues en affirmant lutter pour « toutes les femmes » et avaient condamné « sans ambiguïté les crimes sexuels et sexistes, viols et féminicides commis par le Hamas, qui ont particulièrement visé les femmes, les personnes LGBTQIA+ et les enfants ».

« On croit toutes les victimes, d’où qu’elles viennent »

« Il n’y a pas d’ambiguïté de la part des féministes, on croit toutes les victimes, on est les premières à dénoncer toutes les violences masculines faites aux femmes, d’où qu’elles viennent », a réagi Amy Bah, présidente de #NousToutes Lille, auprès de l’Agence-France Presse, lundi. Selon elle, les propos de Mme Bergé relèvent d’une « instrumentalisation des crimes du Hamas et de la riposte d’Israël à Gaza pour éviter de prendre ses responsabilités dans le manque de moyens dans la lutte contre les violences de genre ».

« C’est un backlash [retour de bâton contre les droits des femmes] avec l’idée aussi que les féministes coûteraient cher à la société », a-t-elle fait valoir, avant d’ajouter au sujet de #NousToutes : « Nous, on est autonomes financièrement, on ne reçoit pas d’argent public, mais ce n’est pas le cas de toutes les associations. » La militante « rappelle que les associations qui dépendent de subventions assurent des missions de service public. L’Etat se défausse sur elles, c’est donc scandaleux de les menacer aujourd’hui, d’autant que ça met en danger les victimes de violences ».

« Etre féministe, c’est dire les choses ; être féministe, c’est soutenir les femmes qui ont été mutilées le 7 octobre, a estimé Mme Bergé, dimanche, mettant en cause certaines associations féministes. Si le drame qui s’est produit le 7 octobre à l’encontre des femmes s’était produit ailleurs, est-ce que les réactions auraient été plus fortes ? Malheureusement, je crains que ça aurait pu être le cas. »

« Si Mme Bergé pense que la priorité aujourd’hui c’est de faire ça [supprimer les subventions à des associations féministes], je trouve ça pathétique », a déclaré Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise, interrogé à ce sujet lundi sur Europe 1.

Alors que son parti est critiqué en raison du refus de plusieurs de ses membres de qualifier le Hamas d’organisation terroriste au lendemain de l’attaque, il a affirmé : « Le silence est maintenant signe d’ambiguïté, c’est ça ? » « Je n’ai jamais vu aucune des associations féministes ne pas condamner » les violences sexuelles qui ont été commises le 7 octobre et qui sont en train d’être documentées, a-t-il poursuivi, apportant son soutien aux associations féministes.

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Le Monde avec AFP

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