Le distributeur Auchan, longtemps fleuron de la galaxie Mulliez, a présenté, mardi 5 novembre, aux représentants de ses salariés en France, un projet de plan social d’ampleur, menaçant 2 389 emplois en France, notamment avec la fermeture d’une dizaine de magasins, a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès de la direction.
Dans le détail, Auchan, qui emploie environ 54 000 personnes en France, prévoit de supprimer 784 postes au sein de ses sièges et 915 postes dans ses magasins. Il prévoit l’arrêt de l’activité de livraison directe à domicile qui entraînerait 224 suppressions de postes. Une dizaine de points de vente non rentables devraient fermer (466 postes supprimés), dont trois hypermarchés à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), Woippy (Moselle) et Bar-le-Duc (Meuse), et dans un supermarché, à Aurillac (Cantal).
La direction espère limiter le nombre de licenciements secs par un accompagnement des collaborateurs concernés, formations de reconversion, congés de reclassement et plan de départs volontaires. Elle prévoit aussi la création de 114 postes dans les activités de « drive » et 205 au sein des fonctions supports. « Ce n’est pas un projet de décroissance que l’on veut gérer, la baisse des coûts est un moyen, pas une finalité », a assuré le patron du distributeur, Guillaume Darrasse, auprès de plusieurs médias dont l’AFP.
Auchan Retail avait déjà annoncé en septembre 2020 la suppression de 1 475 postes en France, après un plan de départs volontaires de plus de 500 postes en janvier de la même année. Longtemps considéré comme l’un des acteurs les mieux-disants en termes social au sein de la grande distribution, Auchan enchaîne les mauvais exercices économiques et sa holding Elo Groupe avait annoncé en juillet une perte nette de près d’un milliard d’euros sur les six premiers mois de 2024.
Plusieurs handicaps cumulés
Depuis la déconfiture du groupe stéphanois Casino, où un PSE est également en cours et pourrait toucher plus de 3 000 emplois, Auchan est régulièrement cité comme le plus mal en point de la grande distribution alimentaire. Le groupe cumule plusieurs handicaps en France, même s’il a des actionnaires solides financièrement, en la personne de l’Association familiale Mulliez (AFM), également détentrice des lucratifs Leroy Merlin et Decathlon.
D’abord, la part de marché d’Auchan – à 9,1 % au dernier pointage, loin derrière E.Leclerc (24,1 %), Carrefour (21,4 %), Mousquetaires-Intermarché (17,4 %) et Coopérative U (12,2 %) –, lui laisse moins de marge de manœuvre dans ses négociations avec les fournisseurs agro-industriels. Pour peser plus lourd, Auchan s’est associé avec son concurrent Intermarché pour acheter ensemble dans une alliance d’une durée inhabituellement longue de dix ans.
En outre, le groupe, qui est propriétaire de ses magasins, avec très peu de franchises, souffre de la concurrence des E.Leclerc, Intermarché et Coopérative U. Ces regroupements d’entreprises indépendantes réduisent au maximum les coûts de fonctionnement, et les conditions sociales y sont généralement moins disantes. Cela permet en général à ces magasins de vendre leurs produits à des prix plus compétitifs.
Autre point faible pour Auchan : le groupe a misé historiquement sur le format des hypermarchés, les plus grands magasins, or celui-ci est moins en vogue aujourd’hui. Sur les six premiers mois de 2024, sa holding Elo a subi une perte nette de près de 1 milliard d’euros. L’an dernier, elle avait souffert d’une perte nette de 379 millions d’euros avec des ventes en recul, alors que l’inflation avait dopé les ventes de la plupart de ses concurrents de la grande distribution.