Après un examen laborieux à l’Assemblée nationale, où les soutiens du gouvernement, déjà minoritaires, se sont faits discrets, les textes budgétaires arrivent au Sénat dans leur version d’origine. En effet, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) n’a pas pu être voté à l’Assemblée nationale dans les délais constitutionnels impartis, et la partie recette du projet de loi de finances (PLF) a été rejetée par les députés, mardi 12 novembre.
Cette situation n’est pas pour déplaire au gouvernement de Michel Barnier, qui n’a pas encore eu à user de l’article 49.3 de la Constitution – permettant de faire adopter un texte sans vote –, et peut maintenant compter sur une chambre qui lui est bien plus favorable. Du fait de l’alliance gouvernementale entre la droite, qui règne sur le Palais du Luxembourg, et les macronistes, 66 % des sénateurs appartiennent, sur le papier, à des groupes soutenant le gouvernement.
Depuis 2017, les gouvernements nommés par Emmanuel Macron ne pouvaient compter que sur quelques dizaines de sénateurs. Désormais, avec les 130 sénateurs du parti Les Républicains (LR), les 60 du groupe Union centriste – qui regroupe notamment des élus du MoDem et de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) –, les 20 du groupe macroniste du Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants (RDPI) et les 19 du groupe Les Indépendants-République et territoires (à majorité Horizons), ce sont 229 sénateurs sur 348 qui sont favorables au gouvernement.
« Ils ne trouvent pas leur positionnement »
Une évolution qui s’est traduite, grâce à l’influence du président du Sénat, Gérard Larcher (LR), par l’arrivée massive et de loin inédite de 10 sénateurs dans le gouvernement. Six sont issus du groupe LR, parmi lesquels son emblématique président depuis dix ans, Bruno Retailleau, au ministère de l’intérieur. Ce retour aux responsabilités a mis fin à treize longues années de disette gouvernementale pour la droite sénatoriale. Si, avec ses 130 sièges, le groupe LR est toujours le premier du Sénat, et de loin, il n’a jamais occupé aussi peu de sièges depuis la fusion de la droite dans l’UMP (l’ancêtre de LR), en 2002.
En effet, le choix d’une opposition que certains décrivent comme radicale, voire viscérale, depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, en 2017, en a fait fuir plus d’un. Avec, à la clé, la création du groupe Les Indépendants-République et territoires, favorable aux gouvernements macronistes. Et même si, depuis 2022 et le défaut de majorité à l’Assemblée, camps présidentiel et LR du Sénat ont su reprendre langue, leur retour au pouvoir est perçu comme une revanche.
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