Grâce à une importante couverture médiatique, le procès des viols en série de Mazan, qui a lieu depuis début septembre à Avignon dans le sud de la France, a mis au premier plan le débat sur la soumission chimique dans de nombreux pays du monde. Que cela soit dans un cadre privé, comme cette affaire judiciaire hors normes l’a révélé, ou dans un lieu public, comme les bars ou les clubs, une large prise de conscience s’opère sur ce phénomène qui consiste à droguer quelqu’un à son insu pour en abuser.
Le Royaume-Uni a annoncé, lundi 25 novembre, la création d’une infraction pénale spécifique pour réprimer l’acte de verser notamment de la drogue dans le verre de quelqu’un ou de lui injecter sous forme de piqûre.
En réalité, le « spiking », comme il est appelé en anglais, est un crime déjà puni jusqu’à dix ans de prison, mais il relève jusqu’à présent de plusieurs législations (répression des drogues, agressions sexuelles), ce qui complique le travail de la police et des magistrats.
« Il peut être incroyablement difficile pour les victimes de signaler ces crimes odieux, et ces affaires sont souvent très compliquées à traduire en justice », a reconnu le premier ministre britannique, Keir Starmer, cité dans un communiqué.
Le personnel des bars et des pubs formés pour repérer la pratique du « spiking »
Ce dernier va réunir, lundi, des représentants de la police, des lieux nocturnes et des transports pour leur demander de se coordonner contre cet « acte lâche », et de mieux protéger les femmes lors des sorties nocturnes. Quelque 10 000 personnes travaillant dans les bars et les pubs vont également être formées d’ici le printemps 2025 pour apprendre à repérer cette pratique, aider les victimes et rassembler des preuves.
Le fait de créer cette infraction doit « encourager les victimes à se manifester, et garantir une réponse ferme de la police face à ces crimes épouvantables », a déclaré la ministre de l’intérieur, Yvette Cooper.
Le gouvernement travailliste, arrivé au pouvoir en juillet, a promis de diminuer de moitié d’ici dix ans les violences à l’encontre des femmes et des jeunes filles.
Entre mai 2022 et avril 2023, la police a reçu 6 732 signalements pour « spiking », dont près d’un millier de cas liés à des piqûres. Mais selon un sondage YouGov de décembre 2022, 10 % des femmes et 5 % des hommes britanniques disent en avoir déjà été victimes. La majorité des cas ne sont pas déclarés, faute d’avoir identifié les symptômes sur le moment. Et comme le corps évacue rapidement ces drogues, il devient alors impossible de fournir des preuves.